A quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, les gérants doivent composer avec une issue du scrutin d’autant plus imprévisible que l’année 2016 a montré les limites des sondages et déjoué tous les pronostics. Bien que leur scénario central ne soit pas celui d’une victoire des extrêmes, il est difficile de ne pas en tenir compte dans une allocation d’actifs ou dans la sélection de valeurs.
"Les élections françaises représentent un sujet de préoccupation majeur pour les marchés financiers, car elles sont emblématiques des tendances actuelles : montée des partis d’extrême droite dans les pays du noyau dur de la zone euro, rejet croissant de l’establishment, tentations protectionnistes, hostilité envers l’Europe et/ou les institutions européennes, lutte contre les inégalités, débat sur le partage de la valeur ajoutée (salariés versus actionnaires…). L’élection d’un candidat antieuropéen ou souhaitant réformer l’Europe ou sortir de l’Union européenne en cas d’échec à la réformer (comme le prônent par exemple Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon) est actuellement perçue (pas totalement à tort, en vérité) comme un vote dans la continuité du Brexit et de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis", explique Philippe Ithurbide, directeur de la recherche et de la stratégie d’Amundi, dans le premier volet d’une série d’études consacrée à l’élection présidentielle française.
Des conséquences distinctes selon les classes d’actifs
Un avis que partage Eric Lefèvre-Pontalis, responsable de la gestion de la banque privée chez Degroof Petercam : «Après les surprises du Brexit et de l’élection de Donald Trump, l’hypothèse de la victoire du Front national n’est pas exclue par les investisseurs étrangers. Se détournant des sondages, jugés comme peu fiables, les opérateurs de marchés regardent les prévisions des bookmakers anglais, qui indiquent que l’élection se joue dans un mouchoir de poche.»
C’est donc l’issue totalement incertaine...