Dans le contexte de marché actuel faut-il toujours être investi en actions ?
Le début d’année est marqué par un net regain de volatilité sur les marchés. Pour autant, je ne pense pas qu’il faille se détourner des actions. Les perspectives de croissance restent solides aux Etats-Unis et en Europe. Nous tablons cette année sur une croissance de 4,6% aux Etats-Unis et de 4,2% en zone euro, soit des prévisions supérieures au consensus (+3,8% pour les Etats-Unis ; +4% pour l’Europe). Selon nous, les bénéfices des sociétés devraient croître de 10% à 15% en Europe et d’environ 8% aux Etats-Unis. Nous pensons également que l’inflation américaine va se tempérer au second semestre en raison du desserrement des goulets d’étranglement et de la normalisation de la politique monétaire de la Fed. Cette dernière devrait selon nous resserrer progressivement sa politique afin de ne pas risquer de briser la croissance tout en contrôlant l’inflation dans la perspective des élections de mi-mandat. Compte tenu de la forte valorisation des marchés américains, nous privilégions l’Europe. La conjoncture est différente de celle des Etats-Unis. Le chômage reste élevé et les tensions sur les salaires sont très mesurées. Dans ce cadre, nous ne prévoyons pas de fortes mesures de resserrements monétaires cette année de la part de la BCE. Nous sommes positif sur le Japon en raison des efforts déployés par le gouvernement pour soutenir la croissance.
Nous venons de changer de point de vue sur les actions chinoises qui sont désormais décotées. Or, la politique monétaire est devenue plus favorable et encore plus récemment, avec une baisse des taux réserves obligatoires en décembre et une baisse des taux directeurs en janvier. L’avalanche réglementaire semble derrière nous. Nous n’avons pas eu d’annonces de grande ampleur récemment. D’un point de vue économique, les signes de reprise se multiplient : accélération de l’investissement, croissance du crédit, amélioration du marché de l’immobilier.
Comment s’affranchir du risque lié au cycle économique ?
Les entreprises ont vécu une année 2021 exceptionnelle. En grande partie pour des raisons d’effet de base, les résultats ont bondi de 70% en Eurozone et de 50% aux Etats-Unis. Bien sûr, cette performance n’est pas renouvelable cette année. Pour s’affranchir du risque lié au ralentissement de la croissance économique, je recommande d’investir dans les secteurs promis à une croissance structurelle solide et en premier lieu, celui de l’Environnement. Il est clair que les politiques budgétaires sont, et seront de plus orientées vers les thèmes environnementaux. Dans ce cadre, les sociétés qui s’efforcent de produire de manière plus efficace et d’accélérer la transition énergétique tireront leur épingle du jeu. Aujourd’hui, les voitures électriques sont plus chères que les thermiques, mais la donne va s’inverser grâce aux économies d’échelles et aux progrès notamment des batteries. A l’horizon 2035, 95% des véhicules vendus seront électriques. Dans le même temps, la consommation électrique va exploser. Certains s’inquiètent d’une éventuelle pénurie d’énergie. L’enjeu est clairement celui de l’indépendance énergétique. Une des réponses viendra des renouvelables, dont les capacités de production devraient être multipliées par quatre d’ici 2050 pendant que notre économie, grâce aux technologies d’efficience énergétique, sera nettement moins énergivore. Pour résumer, nous sommes très positifs sur ce thème qui mobilise les citoyens, les politiques et les entreprises.
Nous sommes également très confiants sur le thème de l’agriculture saine et de la biodiversité. Il faut nourrir de plus en plus en personnes tout en protégeant les forets, les océans, les espèces, etc.
Enfin d’un point de vue conjoncturel, nous misons sur les sociétés qui bénéficient d’un fort « pricing power » leur permettant de se protéger de l’inflation. Je pense à des marques comme Apple, Nike ou LVMH. Certes, ces valeurs paraissent chères, mais leur modèle d’affaires est très solide avec des coûts très bas et des prix de vente très élevés.
Quelles sont les alternatives aux taux 0 ?
Il n’existe pas de rendement sans risque. Pour limiter le risque sur les actions, il peut être judicieux d’investir dans des fonds « long/short ». La gestion long/short se nourrit des écarts de valorisation entre des titres. Nous sortons d’une phase exceptionnelle de soutien de l’économie par les banques centrales. Les valeurs de croissance ont profité à plein de la faiblesse historique des taux avant de corriger ces derniers mois dans la perspective du resserrement monétaire de la Fed. Les investisseurs vont devenir plus discriminants en ciblant une valeur contre une autre au sein d’un même secteur.
Investir dans un fonds flexible est aussi une bonne manière de s’exposer au marché en limitant les risques. Notre fonds Pictet Multi-Asset Global Opportunities est ainsi susceptible de dégager du rendement avec une volatilité faible car les gérants adaptent avec agilité leurs allocations entre actifs, secteurs et zones géographiques dans le but de capter du rendement.
Comment s’est comportée l’activité de Pictet AM en 2021, et notamment en France ? Et quels produits ont été privilégiés ?
L’activité a été très soutenue en 2021. 16 milliards d’euro ont été collectés par Pictet Asset Management, avec des flux très importants en provenance de l’Italie, le Japon, l’Espagne la France et l’Allemagne. En France, la collecte se monte à 1,5 milliard d’euros. Elle est due pour moitié aux CGP. Les thématiques liées à l’environnement ont été plébiscitées comme Pictet GEO, Water ou Clean Energy. Les thèmes liés à la reprise économique dont font partie Premium Brands et Timber ont également été très recherchés. 2021 consacre la qualité de notre gestion long/short avec une collecte record sur notre fonds Pictet Atlas.