Amine Benghabrit, directeur général France, Allianz Global Investors

« Nous lançons Digital Wealth Factory, une plateforme d’outils et de services qui sera proposée en BtoB ou BtoC. »

Publié le 25 janvier 2023 à 17h46

Catherine Rekik    Temps de lecture 8 minutes

Quel bilan faites-vous de votre première année d’activité auprès des CGP ?

Déjà présents auprès de la clientèle wholesale depuis longtemps, nous avons lancé l’activité auprès des CGP en septembre 2021. Nous avons choisi de proposer une gamme resserrée sur deux produits thématiques : un fonds plutôt original, Allianz Pet and Animal Wellbeing, qui investit dans les entreprises des secteurs de l’économie des animaux de compagnie, et un fonds multi-asset, Allianz Global Intelligent Cities, qui permet de saisir les opportunités liées à l’essor des villes intelligentes. Notre premier objectif était de faire connaître la marque Allianz Global Investors (AGI) auprès du retail et, pour la première fois, nous avons participé au salon Patrimonia. Durant l’année écoulée, l’équipe dédiée à la distribution a donc rencontré les principaux cabinets de CGP tout en référençant les deux fonds sur toutes les plateformes. Cette équipe, composée de quatre personnes, va être étoffée prochainement avec le recrutement d’un commercial dédié aux CGP, ce qui conforte nos objectifs de long terme auprès de cette clientèle. Nous sommes plutôt satisfaits de cette première année, durant laquelle nous avons collecté quelques dizaines de millions d’euros, en ligne avec notre business plan qui prévoit plusieurs centaines de millions d’encours gérés pour le compte des CGP à un horizon de cinq ans.

Pourquoi avez-vous choisi de proposer une gamme aussi restreinte ? Avez-vous eu des difficultés de référencement ?

Le référencement n’a pas été une simple formalité, il a pris du temps car il nous a fallu convaincre, mais nous avons atteint notre objectif. Nous avons fait le choix de nous concentrer sur deux fonds, néanmoins plusieurs CGP nous ont fait part de leur intérêt pour d’autres stratégies, notamment nos fonds investis dans les small caps et les actions chinoises. La gamme référencée devrait être étoffée prochainement.

Pourquoi un groupe de la taille d’AGI s’intéresse-t-il aux CGP ?

Le projet était en réflexion depuis longtemps, et plusieurs facteurs nous ont incités à passer à l’action en 2021, notamment le désengagement progressif de l’Etat dans la gestion des retraites des Français. Le développement de l’épargne retraite est une opportunité unique et les CGP ont un rôle important à jouer. Par ailleurs, nous avons assisté ces dernières années à une professionnalisation des conseillers, leur modèle de fonctionnement ressemble de plus en plus à celui de la clientèle wholesale que nous connaissons bien. Enfin, nous avons dans notre gamme des fonds qui répondent à leur demande.

Dans une industrie où la concurrence est vive, comment un groupe comme AGI peut-il se différencier ?

Gérer des fonds ne suffit plus, le développement de partenariats et de nouveaux services est aujourd’hui nécessaire pour se différencier. Convaincus que la digitalisation est un enjeu majeur de notre métier, nous lançons Digital Wealth Factory (DWF). Il s’agit d’une plateforme digitale et modulaire, dédiée aux activités d’investissements, qui sera proposée en BtoB ou BtoC, une offre en marque blanche que nous allons proposer en partenariat avec la fintech aixigo, qui fournit la plateforme de gestion de patrimoine basée sur API pour créer des services de gestion de patrimoine personnalisés. DWF proposera différents modules qui s’appuient sur le savoir-faire de notre équipe Risklab, qui compte une soixantaine de personnes, experte en allocation d’actifs et gestion des risques. Parmi les outils et services proposés, il y aura l’analyse et l’optimisation des portefeuilles, la gestion et le suivi des risques, une analyse ESG permettant de mesurer le degré de durabilité d’un portefeuille – un module qui devrait notamment intéresser les CGPI dans le cadre de MiFID II – ainsi que la création de reportings personnalisés. Ce type de partenariat a déjà été mis en place en 2022, avec succès, pour les clients de Commerzbank avec une offre de gestion personnalisée via l’outil MoneyMate.

A qui s’adresse cette nouvelle offre ?

En France, notre équipe commerciale sera chargée en 2023 de faire connaître cette offre digitale auprès des distributeurs, principalement les réseaux bancaires ou de wealth management. L’offre permettra aux clients de ces réseaux d’avoir une expérience client personnalisée et proche de celle de la clientèle fortunée. Un premier partenariat s’est récemment conclu en France avec une fintech, pour laquelle nous déployons notre module de construction de portefeuille à destination des CGPI.

Quels sont les autres projets en cours ?

Un de nos objectifs est d’accompagner nos clients institutionnels dans un environnement qui a beaucoup changé, dans lequel la gestion obligataire retrouve sa raison d’être. Ce regain d’intérêt pour les taux que nous constatons depuis quelques mois devrait se traduire par un moindre appétit pour certaines classes d’actifs dans le non-coté. Les allocations des institutionnels vont évoluer dans les prochaines semaines. 

Avez-vous des inquiétudes sur le non-coté ? Envisagez-vous également de rendre cette offre plus accessible ?

Les investisseurs institutionnels s’interrogent sur la valorisation du private equity et de l’immobilier. Les infrastructures et la dette privée devraient continuer à être privilégiées. Le non-coté est une activité très dynamique pour le groupe. Notre plateforme, lancée en 2012, atteint près de 100 milliards d’euros d’encours. Son positionnement a séduit les investisseurs institutionnels : une offre de co-investissement aux côtés d’Allianz, investisseur majoritaire dans la plupart des projets. Par ailleurs, nous travaillons en effet sur un projet destiné à rendre cette offre sur le non-coté accessible à la clientèle wholesale.

Travaillez-vous sur de nouveaux lancements ?

Un des projets portés par la succursale de Paris concerne la thématique sociale. L’équipe travaille sur une offre multi-KPI concernant le S de l’ESG (environnement, social, gouvernance). Cela n’existe pas encore, car les fonds commercialisés actuellement se concentrent uniquement sur un aspect de la thématique sociale. Conscients de l’enjeu de la donnée, nous avons créé, au sein du pôle ESG, une équipe de cinq personnes dédiée à la collecte d’informations, qui travaille sur notre méthodologie propriétaire. Par ailleurs, face aux enjeux climatiques, nous voulons accélérer en matière de blended finance (capitaux privés investis dans le cadre de partenariats public/privé) dans les pays émergents qui sont parmi les plus gros pollueurs. Or, aujourd’hui, 99 % des flux sont investis dans les pays développés, alors que les besoins de financement de projets de développement durable sont colossaux dans le monde émergent. AGI a ainsi lancé Allianz Climate Solutions Emerging Markets (ACSEM), un fonds de dette mixte de solutions climatiques en partenariat avec notre maison-mère et une institution financière de développement régionale. Nous visons une capacité d’un milliard d’euros sur cette stratégie. La présence d’Etats et d’organisations philanthropiques sur la tranche junior offre un cadre sécurisant pour un investisseur institutionnel de long terme.

2022 a été éprouvante pour la gestion d’actifs : performances négatives sur toutes les classes d’actifs, collecte en berne pour de nombreux acteurs, déclassification de nombreux fonds durables qui crée de la confusion autour de l’ISR, etc. Qu’en est-il pour AGI ?

A la différence des précédentes crises, nous n’avons pas constaté de panique chez nos clients. Les performances ont bien impacté nos encours, mais la collecte est restée positive auprès des trois segments de clientèle : les investisseurs institutionnels, le wholesale et les réseaux Allianz pour les unités de compte. L’an dernier, AGI a également gagné deux mandats sur des plateformes de subadvisory.

En matière d’investissement responsable, AGI a privilégié la prudence dans la classification SFDR des fonds. Environ 110 milliards d’euros sont investis dans des stratégies classées articles 8 et 9. Aujourd’hui, 60 % de notre Sicav luxembourgeoise AGIF, qui distribue toutes nos stratégies dans le monde hors marché américain, sont classés articles 8 et 9, et notre objectif est d’atteindre 70 % fin 2023. Nous avions seulement onze fonds classés article 9 et quelques stratégies dans le non-coté. Six fonds ont été reclassifiés en article 8. Pour l’instant, nous préférons attendre plus de clarification de Bruxelles sur le sujet.

Amine Benghabrit, directeur général France d’Allianz Global Investors. Il a rejoint Allianz Global Investors en 2000. Après avoir occupé plusieurs postes dans la fonction commerciale pour différents segments de clientèle en France et au Luxembourg, il a été nommé responsable de la clientèle institutionnelle en 2007, avant de devenir directeur commercial en 2012. Amine Benghabrit est titulaire d’un master 2 en banque, finance, assurance de l’université Paris-Nanterre (Paris-X).

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