La demande pour les stratégies ISR reste forte, aussi bien de la part des institutionnels pour répondre, notamment, à des obligations réglementaires que des particuliers pour donner du sens à leurs placements. Mais avec une réglementation en perpétuelle évolution et de plus en plus de suspicions de greenwashing, il n’est pas aisé de s’y retrouver.
Les investisseurs désireux de sélectionner des fonds intégrant dans leur processus de gestion des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), et donc permettant de donner du sens à leur placement et/ou de contribuer à la transition vers un monde plus durable, ont à leur disposition une offre dense ; et ce, dans toutes les classes d’actifs et toutes les zones géographiques. En Europe, les actifs ESG représentent, selon Quantalys, 44 % des encours. Ils ont aussi tendance à collecter davantage sur les fonds non-ESG et à décollecter dans de moindres volumes. Mais c’est aussi une offre de moins en moins lisible. ESG, ISR, durabilité, solidaire, SFDR, taxonomie, impact, double matérialité... autant de terminologies, plus ou moins récentes, estampillant les dénominations de ces fonds et parsemant leurs reportings. Par ailleurs, la finance dite « durable » ou « responsable » est en perpétuelle évolution avec ces derniers temps une avalanche réglementaire.
Avant de délivrer des conseils, et surtout avant la souscription à un produit financier, courtiers en assurance, prestataires de services d’investissements et conseillers en investissements financiers doivent désormais prendre en compte les préférences ESG du client à travers un questionnaire spécifique très précis. Mais la définition de la durabilité reste vague et doit être évaluée selon le règlement SFDR, la taxonomie européenne et la prise en compte des principales incidences négatives (PAI) – des textes et des notions complexes non encore aboutis ou toujours en évolution. La mise en place, début 2023, des normes techniques réglementaires SFDR de niveau 2 a ainsi entraîné fin 2022 une vague de déclassification de fonds article 9 « vert foncé » en article 8 « vert ». Les différentes réponses apportées en avril par la Commission européenne aux questions des autorités européennes de surveillance sur le règlement SFDR pourraient désormais ouvrir la voie à des requalifications ! A quoi s’ajoute la refonte à venir du label ISR, de plus en plus critiqué pour sa perméabilité au greenwashing. Le nouveau référentiel, prévu début 2024, devrait renforcer les exigences autour de l’investissement vert et introduire la notion de « double matérialité » avec laquelle la clientèle retail est encore peu familière… La pédagogie en matière d’investissement responsable a encore de beaux jours devant elle !