Selon un rapport du CDP et d’Oliver Wyman, intitulé Get the Money Moving, une majorité (70 %) d’entreprises européennes consacrent moins de 25 % de leurs dépenses d’investissement à la transition vers une économie décarbonée. Parallèlement, un tiers de l’ensemble des entreprises et plus de la moitié des entreprises fortement émettrices déclarent que l’accès au capital constitue un obstacle majeur à cette transition.
De plus en plus d’entreprises européennes se fixent des objectifs de réduction des émissions et élaborent des plans de transition, mais seule une sur 5 a réalisé des progrès substantiels dans la mise en œuvre des aspects clés de ces plans.
Le rapport met également en évidence les progrès et les lacunes dans divers secteurs tels que l’automobile, l’acier et les transports. Il constate qu’il pourrait manquer, d’ici à 2030, 285 Md € (pour atteindre 1 900 Md €) aux compagnies d’électricité pour réaliser les investissements nécessaires au remplacement des capacités de production conventionnelles par des énergies renouvelables.
Selon l'analyse basée sur les données divulguées par 1 600 entreprises européennes à travers CDP, soit 89 % de la capitalisation boursière européenne, l’écart entre les actions concrètes mises en œuvre et les objectifs climatiques annoncés persiste alors que la plupart d’entre elles déclarent avoir mis en place un plan de transition. Par ailleurs, l’analyse met en évidence un dilemme pour le financement vert : alors que de nombreuses entreprises ont besoin du soutien des institutions financières pour le déploiement d’initiatives de décarbonation à grande échelle, le secteur financier exige également un niveau de rentabilité économique pour ces dernières. Pourtant, 67 % des institutions financières déclarent au CDP qu’elles prennent des mesures actives pour aligner leurs portefeuilles sur une trajectoire de 1,5 degré. « Le rapport de cette année met en lumière de nombreux signes encourageants, avec un plus grand nombre d’entreprises mettant en place des plans de transition et des investissements croissants. Pourtant, la plupart des entreprises ont du mal à modifier leurs modèles d’entreprise au rythme et à l’échelle requis. Le défi auquel elles sont confrontées est que les modèles économiques verts sont généralement moins attrayants et plus risqués que les modèles existants qu’ils visent à remplacer. Cela complique également la tâche des banques et des investisseurs qui souhaitent financer la transition, et bon nombre des entreprises que nous étudions citent l’accès au capital comme une préoccupation majeure », indique Bruno Despujol, responsable des bureaux de Paris et de Bruxelles d’Oliver Wyman.