DOSSIER SPÉCIAL

Les 10 sociétés de gestion à suivre

Publié le 27 mai 2024 à 9h00

Catherine Rekik    Temps de lecture 12 minutes

Outre la sélection des 50 sociétés de gestion qui comptent, l’examen des questionnaires reçus cette année a permis d’identifier une dizaine d’acteurs français et étrangers qui méritent une attention particulière. Certains ont déjà fait partie de la sélection de Funds ou d’Option Finance et, après deux ou trois années difficiles, ont réussi à enrayer la baisse des encours, voire à renouer avec une collecte positive. C’est le cas par exemple de BNY Mellon IM, dont la collecte a rebondi en 2023, mais avec un niveau d’encours qui reste encore en deçà du plus haut atteint en 2021, ou de Gemway Assets qui a subi, durant deux années consécutives, le désamour des investisseurs pour les actions émergentes.  Parmi ces 10 sociétés de gestion à suivre, Financière Arbevel et Eres Gestion devraient bénéficier dans les prochains mois de l’arrivée d’un nouvel actionnaire au capital. Dans le cas d’Arbevel, l’objectif clairement affiché est de participer à la consolidation du secteur. Le cas de Mandarine Gestion, qui a absorbé Meeschaert AM, montre cependant que les fusions ne sont pas immédiatement créatrices de valeur. De son côté, Ellipsis AM vient d’acquérir l’activité de gestion de convertibles d’Edmond de Rothschild AM, ce qui devrait lui permettre d’accélérer sa croissance après un bon cru 2023. A suivre également, la belle percée de Degroof Petercam AM sur le marché français, le rapprochement entre la banque Degroof Petercam et Indosuez Wealth Management, filiale du Crédit Agricole, lui ouvrant de nouvelles perspectives.

Financière Arbevel

Jean-Baptiste Delabare, président

Un nouvel actionnaire majoritaire

Reprise par ses dirigeants actuels en 2009, la boutique compte désormais sur Weinberg Capital Partners pour poursuivre sa croissance. L’ouverture du capital au fonds de LBO WCP#4, désormais actionnaire majoritaire, doit lui donner les moyens de continuer à participer à la consolidation de son marché. Comme l’acquisition d’Actis en 2022, Arbevel va cibler des opérations à taille humaine et très complémentaires dans les métiers de la gestion collective et de la gestion sous mandat, les 2 piliers sur lesquels Arbevel est positionnée aux côtés des actifs privés. Alors que la gestion thématique, l’une des expertises d’Arbevel, souffre du désintérêt des investisseurs, la collecte a été essentiellement soutenue en 2023 par le fonds daté Pluvalca Credit Opportunities 2028. Arbevel continue d’enrichir son offre en non coté, réfléchit à des formats adaptés à la clientèle retail et poursuit ses efforts sur les marchés monégasque, suisse et luxembourgeois sur lesquels elle a enregistré quelques succès l’an dernier.

  • Encours pour compte de tiers : 2,32 Md€ 
  • Collecte nette : 134 M€
  • Répartition clientèle institutionnelle/clientèle intermédiée : 44 % / 56 %
  • Part des encours commercialisés à l’international : 1,6 %

BNY Mellon IM

Violaine de Serrant, Country Head France, Belgique, Luxembourg et Israël

Une stratégie orientée vers les institutionnels

Le départ d’Anne-Laure Frischlander, dont le périmètre de responsabilités venait d’être élargi, a surpris le marché l’an dernier. Violaine de Serrant lui succède à la tête de BNY Mellon IM France, qui enregistre une collecte nette positive après un plongeon de près d’1 Md$ en 2022, permettant aux encours de revenir au-dessus de 5 Md€. Ces derniers restent toutefois inférieurs de plus de 30 % aux niveaux de 2021. En France, le gestionnaire pousse plus que jamais les feux sur la clientèle institutionnelle, qui représente 56 % de son activité (un chiffre en hausse de 8 points sur un an). Il mise pour cela sur les expertises obligataires de sa filiale Insight, qui a lancé en 2023 un fonds long/short obligataire. Sur le marché de la distribution, il espère bénéficier du mouvement de consolidation des acteurs. Il a transformé sa plateforme de distribution pour proposer des stratégies de gestionnaires tiers, nouant notamment un partenariat avec le spécialiste du crédit alternatif, CIFC.

  • Encours en France : 5,2 Md$
  • Collecte nette : 309 M$
  • Répartition clientèle institutionnelle / clientèle intermédiée : 56 % / 44 %

Degroof Petercam Asset Management (DPAM)

Alexandre Touma, responsable France

Une percée auprès des clients français

La filiale du groupe bancaire belge Degroof Petercam a connu l’an dernier une belle dynamique auprès de la clientèle française avec une collecte nette multipliée par 6 et des encours montés à près de 3 Md€ contre 1,7 Md€ un an plus tôt. Provenant aussi bien de clients institutionnels qu’intermédiés, la collecte a été majoritairement réalisée sur l’obligataire et les actions européennes. L’an dernier, DPAM a remporté 6 appels d’offres/sélections fermés. La prise de participation au capital d’Incofin, une société d’impact fondée en 2001, devrait permettre à DPAM, déjà reconnu comme un gestionnaire d’actifs responsables au niveau mondial, de proposer une offre de dette privée à impact aux investisseurs français. Enfin, l’alliance dans la gestion de fortune de Degroof Petercam et d’Indosuez Wealth Management, en cours d’approbation par les autorités réglementaires, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de croissance à DPAM.

  • Encours pour des clients français : 2,96 Md€ 
  • Collecte nette : 938 M€
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 70 % / 30 %

Ellipsis AM

Sébastien Caron, président du directoire

Une croissance accélérée

Dans le giron du groupe Kleper Cheuvreux depuis janvier 2022, la société de gestion spécialisée dans les obligations convertibles et le crédit high yield a vu ses encours bondir de plus de 30 % l’an dernier et a renoué avec une collecte nette positive. Elle a lancé une nouvelle stratégie alternative au sein du fonds Ellipsis Optimal Solutions – Liquid Alternative et a créé un nouveau pôle baptisé Fund Solutions au sein duquel l’équipe renforce l’offre d’investissement du groupe en développant, en collaboration avec Kepler Cheuvreux Solutions, des fonds structurés destinés aux investisseurs institutionnels et aux entreprises. En 2023, Fund Solutions a lancé 2 fonds de placement monétaires qui ont drainé une collecte de 800 M€ au 31 décembre 2023. L’équipe envisage de lancer 3 à 6 fonds de ce type en 2024. Par ailleurs, Ellipsis AM a récemment renforcé son expertise sur les obligations convertibles avec l’acquisition du pôle d’Edmond de Rothschild Asset Management (France) dédié à cette classe d’actifs. Cela représente 200 M€ d’actifs sous gestion : environ 110 M€ pour les 2 fonds ouverts EdR Fund Europe Convertibles et EdR Fund Global Convertibles, et le solde dans des mandats de gestion.

  • Encours pour compte de tiers : 3,2 Md€
  • Collecte nette : 566 M€
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 90 % / 10 %
  • Part des encours commercialisés à l’international : 44 %

Eres Gestion

Alexis de Rozières, président

L’avenir s’écrit avec Eurazeo

Après avoir quasiment triplé de taille en 5 ans aux côtés d’IK Partners, c’est désormais accompagné de son nouvel actionnaire majoritaire Eurazeo que le spécialiste de l’épargne salariale et de retraite devrait poursuivre sa croissance. L’opération va permettre à Eres Group de consolider davantage sa position de leader et de poursuivre son expansion sur des marchés adjacents. L’acquisition du site retraite.com a d’ailleurs été annoncée quasi conjointement. L’an dernier, sa filiale à 100 %, Eres Gestion, a enrichi sa gamme de fonds proposés dans les plans d’épargne collectifs : 2 FCPE investis à 100 % en ETF et 1 FCPE investi jusqu’à 50 % sur des actifs non cotés ont notamment été créés. Elle envisage aussi le lancement d’un FCPR evergreen. En 2023, Eres Gestion a aussi été la première société d’épargne salariale sanctionnée par l’AMF, avec une amende de 200000 €, en raison notamment d’un manque de transparence sur les rétrocessions et la sélection de ses investissements.

  • Encours pour compte de tiers : 5,9 Md€ 
  • Collecte nette : 551 M€ 
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 45 % / 55 %
  • Part des encours commercialisés à l’international : 0 %

Gemway Assets

Michel Audeban, Bruno Vanier, co-fondateurs

Les encours se stabilisent

Alors que les investisseurs sont majoritairement restés à l’écart des marchés émergents l’an dernier, et notamment de la Chine, le spécialiste de ces régions a réussi à limiter la décollecte à 14 M€ contre 158 M€ de flux sortants en 2022. Les encours se sont stabilisés à 1,16 Md€ après avoir connu un plus haut de 1,8 Md€ en 2021. GemChina et, dans une moindre mesure, GemAsia ont été les 2 fonds les plus touchés par les rachats. Avec le retour en grâce de l’obligataire auprès des investisseurs, la boutique espère voir monter en puissance son fonds de dette émergente, GemBonds, dont les encours restent inférieurs à 15 M€ 2 ans après son lancement, en attirant un ou deux investisseurs de référence. Enfin, Gemway, qui a vu ces dernières années la part de l’international se réduire au profit de la France, souhaite repartir de l’avant en Europe – où elle a obtenu de premiers succès auprès de réseaux bancaires de taille petite ou moyenne en Italie et signé un accord avec un TPM en Espagne – et en Israël. L’accent devrait être mis également sur la Suisse.

  • Encours pour compte de tiers : 1,16 Md€
  • Collecte nette : − 14 M€
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 44 % / 56 %
  • Part des encours commercialisés à l’international : 34 %

Mandarine Gestion

Fabien Bismuth, président du directoire

Des synergies à mettre en oeuvre

Un peu plus d’un an après la cession de Mandarine Gestion au groupe LFPI, qui s’est traduite par la fusion-absorption de Meeschaert Asset Management (MAM) par Mandarine Gestion, l’heure est au rassemblement des équipes et au rebranding des fonds : la marque MAM a disparu et Mandarine Gestion s’enrichit de nouvelles expertises obligataires. La nouvelle société de gestion est dirigée par Fabien Bismuth, président du directoire, et Adrien Dumas, membre du directoire, reste CIO, une fonction qu’il assurait chez Mandarine Gestion depuis 2021 auprès du fondateur de cette boutique, Marc Renaud.  Un des objectifs de Mandarine est de renforcer ses positions à l’international, qui représentaient 30 % avant la fusion et sont retombées à 12 % à présent en raison du profil franco-français de MAM. Le nouvel ensemble doit parallèlement démontrer les synergies annoncées alors qu’il a enregistré l’an dernier une décollecte nette globale de 730 M€. Certaines gammes souffrent en effet de doublons. Mandarine entend capitaliser sur l’identité ISR qui est la sienne depuis des années : 47 % des encours font aujourd’hui l’objet d’une gestion labellisée.

  • Encours pour compte de tiers : 4,2 Md€
  • Collecte nette : − 650 M€
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 28 % / 72 %
  • Part des encours commercialisés à l’international : 12 %

Neuberger Berman

Charles Soullard, head of client coverage, France

Pleins feux sur le non coté

Les encours gérés pour des clients français par Neuberger Berman se stabilisent un peu en dessous de 3,4 Md€. Sa collecte dans le rouge l’an dernier cache toutefois des disparités entre segments de clientèles : si des sorties sont enregistrées au niveau des banques privées, des fonds de pension et des entreprises, les souscriptions restent dynamiques du côté des assureurs et, dans une moindre mesure, des family offices. Fort de ses 450 Md$ d’actifs sous gestion à travers le monde, l’asset manager américain a notamment remporté des succès commerciaux en France sur son offre dans le non coté (28 % des encours d’investisseurs français), via notamment ses stratégies de private equity (co-investissement, secondaire) qui ont séduit à la fois des institutionnels, un family office, mais aussi un réseau de CGP. Un projet d’Eltif à destination des réseaux bancaires est également en préparation. Quant à l’unique stratégie gérée depuis Paris, le crédit investment grade européen, elle dépasse les 4,3 Md€ d’encours au global.

  • Encours en France : 3,36 Md€
  • Collecte nette : − 18 M€
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 84 % / 16 %

Palatine Asset Management

Michel Escalera, directeur généra

Une incursion européenne

Avec 5,7 Md€ d’encours, dont 70 % gérés pour compte de tiers – essentiellement des institutionnels –, le gérant d’actifs de la Banque Palatine (groupe BPCE) a connu un développement positif en 2023, en particulier grâce à son offre monétaire et obligataire. L’objectif est désormais de diversifier ses stratégies actions, en misant sur une approche responsable très axée sur le S de l’ESG. L’accent commercial a ainsi été mis sur un fonds d’actions européennes qui cible les entreprises les mieux disantes sur la question de l’emploi. L’autre priorité de Palatine AM pour les mois qui viennent est d’implanter son offre dans 3 pays européens : la Suisse, le Luxembourg et l’Espagne. Trois fonds actions ont déjà été référencés dans ces juridictions (celui sur l’emploi, un sur l’environnement et un sur les actions américaines). Leur commercialisation commence cette année, avec pour objectif de faire croître la part des actifs distribués à l’international, qui plafonne à 10 %.

  • Encours pour compte de tiers : 4 Md€
  • Collecte nette : 235 M€
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 68 % / 32 %
  • Part des encours commercialisés à l’international : 10 %

Vontobel

Thibault Amand, responsable France

Des positions à conforter

Les encours de Vontobel ont affiché un léger repli l’an dernier pour s’établir juste au-dessus des 2,5 Md€. Ces encours ont basculé majoritairement vers une clientèle intermédiée, les institutionnels n’en représentant plus que 22 % contre 44 % l’an dernier. Si la succursale française du gestionnaire suisse a participé à 4 appels d’offres institutionnels en 2023, elle n’en a remporté aucun. Présent depuis 2020 dans l’Hexagone, Vontobel, concentré sur son modèle multiboutique, doit donc repartir de l’avant pour renforcer ses positions et s’imposer comme un acteur étranger de premier plan à Paris. Il entend pour cela notamment miser sur l’ESG, les stratégies à impact étant intégrées dans son offre depuis 2008. Renommé dans son pays d’origine pour son expertise sur les marchés émergents (un fonds Emerging Markets Leaders ex-China vient d’être lancé) et son activité de wealth management, Vontobel souhaite aujourd’hui croître sur un segment porteur : les actifs privés. En février dernier, il a pris une participation dans le gérant d’infrastructures privées londonien Ancala Partners, qui gère un total d’actifs de plus de 4 Md€, notamment dans les énergies renouvelables.

  • Encours en France : 2,57 Md€
  • Collecte nette : NP
  • Répartition clientèle institutionnelle/ clientèle intermédiée : 22 % / 78 %

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