(AOF) - Florent Wabont, économiste chez Ecofi, anticipe une poursuite de la désinflation à court terme en zone euro, grâce à l'impact de la politique monétaire de la BCE sur le couple croissance-inflation. Il s'attend cependant à ce que le "dernier km" d'inflation soit plus long à parcourir aux Etats-Unis, en raison de problématiques liées à la mesure de l'inflation (CPI vs PCE…), d'une une plus grande inertie dans les services et d'une croissance économique plus élevée.
Florent Wabont fait remarquer que l'économie américaine croît désormais à un rythme proche de sa moyenne de long terme. Il prévient cependant que les baisses de taxes envisagées par Donald Trump ont le potentiel d'entraîner l'économie américaine dans un régime sous "haute pression", susceptible d'engendrer un peu plus d'inflation. Une partie des pressions inflationnistes pourrait toutefois être absorbée par la poursuite des gains de productivité en 2025.
Cette croissance économique américaine sous "haute pression" "devrait, par ricochet, engendrer des effets positifs sur l'économie européenne", explique l'économiste d'Ecofi. Il prévoit un redressement conjoncturel en zone euro à la faveur du rebond de la consommation et du pouvoir d'achat des ménages, dans le sillage de la désinflation et des baisses de taux passées et à venir.
Quant à l'augmentation des tarifs douaniers, Florent Wabont la qualifie de "menace sérieuse" pour la conjoncture européenne, mais il considère qu'il s'agit "davantage d'une arme de négociation plutôt que d'une menace prête à être immédiatement exécutée".
A propos de la crise politique traversée, par la France, le spécialiste prévient qu'elle pourrait avoir une incidence non-négligeable sur l'activité, avec le risque que la France devienne le "vilain petit canard" de la zone Euro.
S'agissant de son allocation d'actifs à 6 mois, Florent Wabont est neutre sur les actions, mais il préfère l'Europe aux Etats-Unis, la décote de valorisation des premières relativement aux secondes étant inédite. L'économiste souligne par ailleurs que les analystes sous-estiment potentiellement les perspectives bénéficiaires des entreprises de la zone euro dans un contexte de baisse des taux de la BCE et de demande privée, qui repart.
Ecofi est en revanche positif sur le crédit et les taux souverains. Concernant le premier, il privilégie l'"investment grade" de la zone euro au "high yield" car, selon les simulations du gestionnaire d'actifs, il offre une espérance de rendement similaire pour un risque inférieur. Enfin, il apprécie les titres souverains aux Etats-Unis du fait du portage à court terme.