(AOF) - " Nous avons choisi de sous-pondérer le dollar " annonce Benjamin Melman, Global CIO Asset Management, chez Edmond de Rothschild Asset Management. Ce n’est pas qu’il ait " une vue négative sur cette devise ": il s'agit de "se prémunir contre le risque d’une montée en puissance " du projet " Mar-a-Lago accord ". Cette " version 2.0 " des accords du Plaza de 1985 a été imaginée par Stephen Miran, prochain responsable du Council of Economic Advisers, dans un texte de novembre 2024.
Il s'agirait de convaincre les pays alliés, en échange du maintien de la protection militaire américaine et d'une annulation de tout ou partie des nouveaux tarifs douaniers, de " vendre une portion de leurs réserves en dollars tout en acceptant d'échanger une partie de leurs obligations d'Etat américaines contre des obligations perpétuelles zéro coupon ".
" Organiser une baisse du dollar est une opération à haut risque ", souligne Benjamin Melman: les Etats-Unis cumulent les déficits jumeaux (déficits publics et déficit balance courante). " Il ne faudrait pas que les investisseurs privés fassent remonter les taux longs en vendant leurs obligations américaines en dollar, donc autant mettre les investisseurs publics en face ". A défaut d'un accord multilatéral " Mar-a-Lago ", une taxe sur les réserves en dollars déposées à la Réserve fédérale par les banques centrales des pays aux devises sous-évaluées pourrait être mise en place, "afin de les inciter à basculer sur d'autres devises ".
" La séquence pourrait être désastreuse pour les marchés ", prédit le gérant. L'annonce même de l'entrée en négociation d'un Mar-a-Lago " provoquerait une baisse du dollar et des obligations américaines dans un premier temps, ce qui impacterait également les marchés d'actions ". " On ne revisite pas abruptement 'Bretton Woods II' sans créer de secousses ".
Ce projet " se heurterait à une très forte résistance et déclencherait une crise " car " quel homme politique dans la pratique accepterait devant ses électeurs de sacrifier une partie du patrimoine financier national pour acheter des obligations zéros coupons perpétuelles américaines ? " Ce d'autant plus que la garantie de sécurité offerte par les Etats-Unis "a été rendue plus aléatoire par la nouvelle administration ".