Les fonds matières premières semblent être devenus les anges déchus dans l’univers de la gestion. La catégorie des fonds spécialisés dans les métaux précieux perd 13,4 % annualisés sur les trois dernières années, contre une perte annuelle de 9,7 % pour les fonds énergie et de 5,2 % pour ceux investis en produits agricoles.
Des résultats décevants trois années de suite ont incité les investisseurs européens à prendre leurs distances avec les matières premières. A fin octobre, l’encours de cette catégorie reculait à 17 milliards d’euros, soit 0,26 % de l’actif total des OPCVM estimé par Morningstar. De l’avis général des gérants, la prudence reste de mise, mais cette attitude s’accompagne aussi d’une anticipation positive à terme pour ce secteur. Asoka Wöhrmann, directeur des investissements chez Deutsche Asset & Wealth Management, estime ainsi que «les cours du pétrole sont tombés en deçà du niveau où ils commencent à affecter les décisions d’investissement dans le pétrole de schiste aux Etats-Unis. Mais tant que l’OPEP ne limite pas sa production, il n’y a pas de raison de voir le prix de l’or noir repartir à la hausse. Quant au métal jaune, son cours devrait continuer à fluctuer dans un couloir relativement étroit tant qu’aucun événement géopolitique ou que l’anticipation d’un achat d’un stock d’or par une banque centrale ne compenseront pas la confiance des investisseurs dans les actifs risqués et que le dollar conservera sa tendance haussière». Cependant, il n’anticipe pas de nouvelles baisses significatives des cours, si bien qu’il a opté pour une réduction de la part des matières premières à 2 % dans son allocation d’actifs stratégique sans aller plus loin, car le risque de nouvelles pertes s’est considérablement amoindri. En revanche, il estime l’opportunité de gain trop limité pour revenir dès maintenant à l’achat.