L’année 2025 s’annonce chahutée pour la finance durable avec, de part et d'autre de l’Atlantique, des mouvements anti-ESG. Si l’élection de Donald Trump n’est guère favorable à des avancées en la matière, les actes pourraient être plus mesurés que les propos, selon Matt Christensen, responsable mondial de l’investissement durable et à impact chez Allianz Global Investors.
Selon ce dernier, cinq grands thèmes pourraient occuper les discussions dans les prochains mois. A commencer par la notion de transition. Pour rendre tangible des stratégies d’investissement de transition, les sociétés de gestion doivent muscler leurs outils. « Nous avons créé une méthodologie pour mesurer la transition des actifs cotés et privés - la Net zero alignment share - avec des indicateurs clés et une recherche portant sur 25 secteurs, indique Matt Christensen. Cela nous donne une base pour déterminer les sujets de discussions à aborder avec les entreprises sur leurs avancées en la matière. »
Par ailleurs, 2025 verra l’entrée en vigueur de CSRD dans les reporting des entreprises concernées. « Un moment de vérité », estime Matt Christensen. En effet, ces premières publications seront l’occasion de voir comment les sociétés appréhendent l’exercice et si elles se contentent du strict minimum ou si elles répondent en profondeur. Pour les gérants, l’enjeu consistera à traiter ce flux d'informations et à le rendre pertinent. Les Etats seront aussi en première ligne l’an prochain avec l'obligation de rendre des comptes sur leurs engagements climatiques. « Malgré une pause probable en matière de transition climatique dans l'Union européenne l’an prochain, nous pourrions voir des avancements liés à des engagements anciens », note l’expert.
Enfin, deux sujets devraient faire bouger les lignes de l’analyse ESG. Tout d’abord, la question du travail et des bonnes façons de travailler dans l’ère post-Covid. Et puis, la défense. « Nous allons assister à des changements sur ce sujet en Europe, anticipe Matt Christensen. Mais de quelle ampleur ? Est-ce que la défense va devenir soutenable ? » La réglementation pourrait évoluer en la matière. Selon Allianz GI, la question porte sur les armes conventionnelles et leur définition. Certains acteurs touchés par des exclusion pourraient ainsi redevenir investissables. « Pour répondre au principe de DNSH (do no significant harm), il faut pouvoir monitorer où vont les armes produites et voir si les entreprises disposent de chartes de bonnes conduites en la matière, par exemple. Aujourd’hui, les sociétés sont beaucoup plus ouvertes à la discussion que par le passé. »