Dernière place européenne à avoir autorisé, fin mars, la cotation des ETF actifs, Paris est désormais la première à en préciser le cadre réglementaire. Après deux ans de travaux de place, l’AMF a publié, début juin, une recommandation détaillant les conditions de mise en place d’une transparence différenciée des portefeuilles de tels fonds.
« Le dernier verrou au développement des ETF actifs en Europe vient de sauter. Et c’est la France qui montre le chemin », s’est félicitée Marlène Hassine Konqui, directrice générale associée de BSD Investing lors de l’événement Sélection : comment conjuguer gestion active et gestion passive, organisé en partenariat avec l’AFG et la SFAF. La stratégie d’investissement d’un ETF actif inclut une part de jugement, constitutive d’une valeur ajoutée par rapport à un ETF passif. « Or, une mise à disposition quotidienne et exhaustive du portefeuille d’un ETF actif permettrait potentiellement à d’autres acteurs de répliquer la stratégie, ce qui peut constituer un frein majeur au développement de l’offre », précise l’AMF. En amendant – pour les ETF actifs – le principe de transparence totale, le régulateur permet donc de différencier l’accès à la composition exacte des portefeuilles entre les participants de marché qui en ont besoin pour animer efficacement la liquidité des marchés primaire et secondaire et tous les autres participants de marché. Les gestionnaires doivent néanmoins respecter six grands principes afin qu’une telle différenciation bénéficie bien à l’investisseur final. « La place de Paris a toujours été à la pointe de l’innovation », a fait valoir Adina Gurau Audibert, directrice des expertises à l’AFG, lors de cet événement, rappelant notamment que c’est en France que les ETF synthétiques ont vu le jour. « L’AMF autorise la cotation d’une seule classe de part d’un ETF actif sous appellation ETF Ucits. C’est également unique en Europe », a-t-elle ajouté. Aux Etats-Unis, l’approbation par la SEC en 2019 des ETF actifs semi-transparents a dopé l’offre. Alors que les 87 fonds de ce genre disponibles fin mars en Europe ne représentaient, selon Morningstar, que 2 % des encours des ETF, Paris fait donc le même pari. D’autant que, contrairement aux Etats-Unis, cette transparence différenciée des portefeuilles est permise pour toutes les classes d’actifs sous-jacentes.