La Banque Transatlantique et le Centre d’Etude et de Recherche sur la Philanthropie (CerPhi) ont dévoilé les résultats d’une analyse comparant les comportements philanthropiques en France et aux Etats-Unis. Ce Panorama de la Philanthropie Banque Transatlantique / CerPhi, édition 2025, a retenu comme définition de la philanthropie « toutes les formes de générosité et de ressources collectées, dans une vision élargie de l’engagement privé au service de l’intérêt général ». Pour des raisons économiques évidentes, le montant global des financements dédiés à l’intérêt général est difficilement comparable de part et d’autre de l’Atlantique : en valeur absolue, les 557,16 Md$ versés aux Etats-Unis en 2023 par exemple représentent un montant plus de 60 fois supérieur à celui de la France ! Rapportée au PIB, la philanthropie pèse 2,01 % aux Etats-Unis contre 0,30 % en France.
Parmi les différences entre ces deux pays, l’étude met en avant une proportion plus grande des legs et du mécénat d’entreprise en France. Ce qui s’expliquerait par des exigences de responsabilité sociétale et d’engagement citoyen plus forts dans l’Hexagone que les dirigeants exprimeraient via le mécénat. En France, 81 % des foyers à très hauts revenus (ayant plus de 120 000 € de revenus nets annuels) ont effectué des dons en 2023. Aux Etats-Unis, ce sont 85 % des high net worth individuals (HNWI), foyers dont le revenu annuel dépasse 200 000 $ ou détenant 1 M$ de patrimoine d’investissement (hors résidence principale), qui ont effectué des dons caritatifs en 2022 (contre 91 % en 2015). En matière d’engagement dans le bénévolat de la population adulte, le niveau est le même dans les deux pays (28 % environ). Enfin, la dynamique de créations de nouvelles fondations est plus importante en France qu’aux Etats-Unis où « le paysage des fondations est très ancien et donc plus mature ».
« Tandis que la philanthropie américaine se caractérise par une tradition affirmée du give back, où donner est valorisé socialement et constitue souvent un marqueur de réussite, la philanthropie française demeure plus discrète, ancrée dans une culture républicaine où l’Etat reste le principal garant de l’intérêt général, et où le don est vécu comme un acte très personnel. Notre étude montre notamment qu’en France, l’envie d’agir n’a jamais été aussi forte, portée par une nouvelle génération de donateurs ambitieux dans leur engagement, ainsi que par le dynamisme d’une économie du don qui s’est largement structurée », commente Aurélia de Garsignies, directrice de la philanthropie à la Banque Transatlantique.
En dépit des différences notables en termes de poids financiers et de dispositifs fiscaux notamment, une tendance commune aux deux pays se dégage. « Les donateurs, qu’ils soient français ou américains, veulent désormais s’attaquer aux causes profondes dans une approche systémique plutôt que financer uniquement des actions réparatrices. Ils attendent des preuves concrètes de l’impact de leur engagement et s’organisent en conséquence : les projets s’inscrivent davantage dans le long terme, la collaboration entre acteurs se renforce et le secteur se professionnalise pour répondre à ce besoin de résultats mesurables », souligne l’étude. Une évolution qui serait portée en grande partie par la relève générationnelle, « les nouvelles générations aspirant à des formes d’engagement plus incarnées et innovantes, souvent à mi-chemin entre l’entrepreneuriat et l’action à but non lucratif ».
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