Dans ses perspectives pour le second semestre 2024, Carmignac évoque un rebond synchronisé de l’industrie manufacturière dans les pays de l’OCDE : les carnets de commandes et les stocks des industriels ne cessent de croître dans les pays de l’OCDE. Parallèlement à cette convergence économique, l’asset manager constate une divergence notable entre les consommateurs américains et européens.
En effet, avec la résilience de l’inflation couplée à une baisse des salaires réels américains, le sentiment de confiance des américains est en repli et avec un taux d’épargne inférieur à celui de la période 2015/2019 (alors qu’en Europe ce taux reste plus élevé qu’avant le covid), ils ne peuvent plus consommer comme avant. Aux Etats-Unis toutefois, les entreprises conservent des capacités de financement très importantes, donc l’économie américaine ralentit mais en douceur, puisque même si la consommation diminue, l’investissement reste élevé.
Selon l’économiste Raphaël Gallardo, chef économiste chez Carmignac, ce ralentissement économique présente comme risque celui de renforcer une potentielle victoire du camp républicain à la fin de l’année, Joe Biden étant devancé en Pennsylvanie et dans le Michigan, deux des trois swing states. Une victoire des démocrates dépendrait d’une amélioration de l’indice de surprise économique américain.
Au Japon, Raphaël Gallardo souligne l’échec des Abenomics avec un yen en baisse qui lamine les gains de pouvoir d’achat liés aux salaires des Japonais. Cela devrait se traduire par la démission du premier ministre, Fumio Kishida, et un changement de gouvernement après l’été.
Enfin, en Chine, le modèle économique de Xi Jinping basé sur les « nouvelles forces productives de qualité » s’essouffle déjà. Après la chute du secteur immobilier l’an dernier, c’est le secteur industriel qui voit ses prêts bancaires chuter depuis quelques mois. Les investissements dans le privé sont nuls.
Le second semestre devrait être marqué par une intensification des tensions géopolitiques. Pour le camp occidental, c’est une triple défaite : sur le plan conventionnel avec la guerre en Ukraine, sur le plan économique avec la faillite des sanctions envers la Russie, et sur le plan moral, avec l’échec de la politique occidentale à Gaza. La deuxième guerre froide s’intensifiera au second semestre selon Carmignac, et elle se traduira par une guerre commerciale et financière combinée à une course aux armements. Si l’Occident possède la technologie, les consommateurs et les infrastructures, « l’axe autocratique » possède quant à lui les matières premières, l’épargne et les chaînes d’approvisionnement. De plus, les élections aux Etats-Unis marqueront potentiellement une escalade militaire et économique envers la Russie et la Chine, ce qui aura un impact considérable sur les perspectives macroéconomiques à la fin de l’année.
En termes d’allocation d’actifs, pour la deuxième partie de l’année, Carmignac estime que le contexte est toujours favorable à la gestion active. Les rendements obligataires élevés et les primes de crédits contribuent à offrir un rendement additionnel et un coussin. La boutique de gestion favorise toujours le crédit. Elle préconise également une stratégie « barbell », c’est-à-dire d’investir en masse dans des actifs à risque faible et modérément dans des actifs à risque élevé. « Concrètement, cela revient à privilégier la technologie, la santé ou bien des entreprises indiennes d’un côté et, d’un autre, d’investir sur les matières premières ou les entreprises chinoises, qui constituent des paris plus risqués » conclut Kevin Thozet, membre du comité d’investissement.