Alors que l’appétit pour les produits responsables ne cesse de croître, l’Autorité des marchés financiers (AMF) vient de publier une étude qui donne un premier éclairage sur les frais et performances des fonds commercialisés en France ayant intégré une approche extra-financière entre 2012 et 2018. L’AMF rappelle en premier lieu la difficulté pour les investisseurs particuliers de s’y retrouver dans l’offre désormais pléthorique de fonds responsables : difficulté à appréhender la notion d’ISR et les critères ESG, multiplicité des stratégies déployées par les sociétés de gestion, comparaison impossible d’un produit à l’autre, label ou pas, etc.
Selon le sondage réalisé pour l’AMF par Audirep en 2019, 36 % des répondants estiment que les placements responsables sont coûteux. La constitution et le suivi de portefeuilles intégrant la dimension extra-financière peuvent induire des coûts additionnels pour les gérants, notamment en matière d’analyse de ces critères et d’accès à des données nouvelles ou complémentaires. L’appétit des clients pour ces produits pourrait par ailleurs inciter les sociétés de gestion à accroître leurs frais de gestion. Mais, à l’inverse, l’AMF souligne que les produits qui intègrent une approche extra-financière pourraient s’avérer de bons produits d’appel pour les sociétés de gestion, et bénéficier à ce titre d’une tarification avantageuse. C’est une des conclusions possibles pour les auteurs de l’étude, sur la base de l’analyse du total des frais sur encours (TFE) : « Les performances nettes des parts de fonds intégrant une dimension extra-financière et commercialisées en France ne sont pas réellement différentes de celles des parts de fonds classiques, et les parts de fonds prenant en compte des critères extra-financiers tendraient à être significativement moins chères que leurs équivalents sans approche extra-financière. Ce coût moindre ne peut a priori pas s’expliquer par la taille de la part de fonds ou par leur proportion importante parmi les FCPE, ces deux variables étant prises en compte dans les régressions. Il serait par ailleurs possible que la réduction initiale du périmètre des titres éligibles permette par la suite de limiter les frais de recherche. Enfin, il est possible d’imaginer que les gérants des fonds intégrant une approche extra-financière cherchent volontairement à les rendre accessibles au plus grand nombre (tarification responsable). »