D’une année sur l’autre, le ton a changé sur les marchés de taux, la Fed ayant initié un recalibrage de sa politique monétaire afin de la guider vers une normalisation. Si l’inflation remonte graduellement vers son niveau cible de 2 %, voire temporairement au-dessus, la dette des pays émergents ne devrait pas être impactée. Du moins, c’est le pari fait par les gestionnaires de fonds de dettes émergentes.
Serait-ce la fin de la récréation sur le marché obligataire ? En ce début d’année, les stratégistes des sociétés de gestion affichent le plus grand pessimisme sur les allocations en emprunts d’Etat des pays développés. Maintes fois annoncée, la hausse des taux de long terme commence à pénaliser la classe obligataire, la probabilité de la formation d’une vraie tendance se renforçant aux Etats-Unis. En effet, pour la première fois depuis l’annonce de la fin de sa politique de rachat d’actifs, la Fed a mis en œuvre en 2017 la totalité de son programme de hausse des taux directeurs. En Europe, avec un décalage de deux ans, la BCE commence aussi à réduire ses achats de titres, tandis que plusieurs responsables monétaires de la zone euro appellent dans leurs discours à un recalibrage de la politique de la banque centrale afin d’éviter tout risque futur de surchauffe de l’économie.
Précautions oratoires
Face au changement de régime sur le marché obligataire, seuls quelques segments parviennent à tirer leur épingle du jeu. Une normalisation sans heurts est évidemment souhaitée, ce qui n’empêche pas les gestionnaires d’aborder l’année avec de fortes précautions. «S’il est improbable de voir le marché obligataire continuer à la hausse en 2018, nous pensons qu’il démentira probablement les prévisions les plus pessimistes pour cette année encore, même si la Fed est censée augmenter les taux, et que les principales autres banques centrales s’engagent dans un processus de normalisation de leur politique...