Dans quelle mesure peut-on parler de dette émergente compte tenu de la diversité de cet univers et des rythmes de croissance économique ?
C’est une question à laquelle nous sommes de plus en plus confrontés. L’univers de la dette émergente n’est pas homogène, car non seulement il se répartit en trois pôles principaux – celui de la dette externe, essentiellement libellée en dollar, ceux de la dette locale et des devises –, mais en plus les marchés parviennent à un stade de développement très différent. On constate également une plus grande différenciation entre les marchés, qui s’est accentuée avec le ralentissement du rythme de la croissance chinoise depuis cinq ans, la chute des prix des matières premières et les tensions liées à la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Cet environnement défavorable a très nettement affecté les devises émergentes et un certain nombre d’obligations locales, mais les dettes externes ont globalement bien performé. Cette différenciation de performance entre secteurs et entre pays signifie que la classe d’actifs a atteint un certain niveau de maturité et qu’elle exige une gestion plus dynamique, mais aussi plus sélective. Ainsi, cet été, l’effondrement du rendement des actifs argentins aurait pu générer une déflagration très importante sur les autres marchés de dette émergente. En fait, la contagion a été minime et n’a duré que quelques jours sur des pays comme le Brésil et le Mexique.
Quelle vision stratégique avez-vous dans votre position de responsable du pôle dettes émergentes ?
Pour nous, depuis plusieurs années, la dette externe des pays émergents, qu’elle soit émise par les Etats ou par les entreprises, est devenue dans la majorité des cas un sous-secteur des obligations...