Le style value surperforme historiquement dans les phases de reprise boursière, mais la faiblesse de la dynamique conjoncturelle et les politiques monétaires très accommodantes des banques centrales perturbent les équilibres habituels.
Les gérants de fonds d’actions européennes extériorisent de plus en plus ouvertement leur malaise face à l’envolée des cours depuis le début de l’année. En moins de trois mois, le ratio cours sur bénéfice de l’indice MSCI Europe s’est approché de 14,5 fois, soit un niveau supérieur à sa moyenne de 2003. Les raisons qui militent en faveur de cette hausse sont bien connues : taux d’intérêt très bas, baisse de l’euro et chute du prix de l’énergie. A cela s’ajoutent le recul des craintes d’un éclatement de la zone euro et le formidable QE initié par la Banque centrale européenne, qui génèrent un flux acheteur sur les Bourses du Vieux Continent. Si, pour les investisseurs, la notion de prime de risque par rapport aux emprunts d’Etat n’a plus grand sens car les maturités jusqu’à sept ans ont des rémunérations négatives, les gérants disposent de plusieurs batteries de ratio de valorisation. Les cours ont monté sur des anticipations d’amélioration des bénéfices, si bien que les PER se sont tendus. «Mais si on prend en compte d’autres paramètres, comme
l’actualisation des cash-flows futurs, l’environnement actuel de taux très bas peut justifier encore un potentiel d’appréciation pour une partie de la cote européenne», estime Catherine Garrigues, responsable de la gestion actions chez AllianzGI. De son côté, James Sym, gérant de portefeuilles actions européennes chez Schroders, relève que «les bénéfices des entreprises américaines sont supérieurs de 13 % à leur pic précédent, tandis...