La fête est finie. Les planètes ne sont plus alignées et, si la croissance mondiale reste d’actualité, des divergences sensibles apparaissent entre les différentes régions du monde, et même au sein de chaque zone. Progressivement, les marchés financiers ont pris acte de la volonté des banques centrales de mettre un terme à leur politique monétaire ultra-accommodante, sauf que le mouvement s’opère en désordre, ce qui sème le désarroi.
Certes, le recours au quantitative easing a permis d’éviter une récession d’ampleur lors de la crise financière de 2008, mais cette politique monétaire sans équivalent a eu pour corolaire de fausser le mécanisme de formation des prix, au point de porter en territoire négatif une bonne partie des rendements obligataires. Comme toujours, les marchés se sont adaptés à la nouvelle donne : celle des prix administrés, le cours des actifs dépendant principalement du flux d’achats initiée par les banques centrales. Et maintenant que ces dernières veulent sortir de cette politique monétaire non orthodoxe, investisseurs et gestionnaires s’inquiètent de la fragilité du marché face au volume d’émissions à venir, à l’évolution du cycle économique et aux risques géopolitiques sur lesquels ils n’ont aucune prise. En revanche, l’environnement conjoncturel reste globalement favorable. Dans ces conditions, la tâche des prévisionnistes devient complexe. «Certes, la croissance en Europe se tasse, mais elle avait été très forte l’année précédente et, malgré ce ralentissement, elle reste au-dessus de son potentiel. Cela ne nous inquiète pas. Et pareil pour l’inflation : elle a monté très modestement et devrait baisser à nouveau», estime Janet Mui, économiste chez Cazenove Capital.
Le risque politique, principal facteur d’incertitude à court terme
Bien identifiés, les risques politiques ne se prêtent pas à l’exercice des scénarios. Pour Josh Lohmeier, responsable obligations investment grade Amérique du Nord chez Aviva Investors, «ce qui est plus difficile à...