Actif tangible, achat plaisir, parfois prestige, le vin a réussi à se hisser au sein des allocations patrimoniales. Mais, depuis quelques années, une série de phénomènes vient remettre en question la pertinence de cet investissement. En 2023, les professionnels français de la vigne et du vin alertaient sur leur situation critique, évoquant une chute de la consommation de 70 % en 60 ans et une nouvelle contraction de 20 % supplémentaires attendue au cours des 10 prochaines années. Ce qui se conjugue avec un recul des exportations, notamment en direction de la Chine. 

La désaffection envers le vin n’a pas tardé à se ressentir sur les prix des bouteilles. L’indice de marché Bordeaux 100, qui pèse 1,69 Md€, reflète les prix des 100 plus grands crus de Bordeaux sur 14 millésimes, soit 1400 vins. A la fin du premier semestre, il était en baisse de 7 % sur un an. Une situation qui ne semble guère s’améliorer, les professionnels pointant également la baisse des prix entre les vins sortis en primeur en 2024 et ceux de 2023. « La désaffection des consommateurs est aussi le résultat d’une envolée des prix sur certains châteaux, notamment les Bordeaux », note Jean-Jérôme Carre, fondateur de CapVini, un fournisseur d’indices sur le vin dont l’analyse des prix permet de détecter les anomalies de marché. Un investisseur professionnel confirme, sous couvert d’anonymat, ne plus trouver preneur pour ses grands crus tant les tarifs sont élevés. « Le marché est difficile pour les vendeurs, appuie Jean-Jérôme Carre. Mais cela fait naître des opportunités pour les acheteurs. » A condition de faire des choix raisonnés, faudrait-il ajouter.