La Bourse japonaise va-t-elle retrouver son lustre perdu pendant les années 1990 ou se dirige-t-elle vers un nouveau faux départ ? La question devient lourde de conséquence, non en regard de la pondération des actions japonaises dans la capitalisation mondiale, mais face à la rareté des places pouvant apporter de la performance aux portefeuilles en 2015.
Si beaucoup d’économistes préfèrent aujourd’hui ne pas émettre d’avis sur l’évolution de la croissance au Japon, des voix de plus en plus nombreuses font part d’un optimisme mesuré. Pour Christophe Donay, chef stratégiste chez Pictet Wealth Management, le Japon s’inscrirait sur une trajectoire de sortie de la déflation car, outre sa forte activité en faveur des entreprises, le gouvernement mène une politique de réformes structurelles cohérentes. Positif sur les actions japonaises depuis plus de deux ans, Rodolphe Taquet, responsable des actions internationales chez CPR Asset Management, affiche cependant une certaine prudence dans la période charnière que traverse le pays du Soleil-Levant : «Abe a fait ce qu’il avait annoncé. En revanche, les premiers résultats de sa politique nous perturbent car les hausses des salaires ne sont pas au rendez-vous. Or, les salaires et les investissements sont les deux facteurs clés de la politique du Premier ministre. Les salaires ont ralenti en fin d’année, ce qui a ramené la hausse annuelle à 0,6 % à fin octobre 2014. Malgré une augmentation de 10 % des bonus, les revenus réels ont baissé du fait de l’alourdissement de la TVA.» Effectivement, l’inflation core, hors alimentation et énergie, et en excluant l’effet de l’augmentation de la TVA, s’inscrivait à 0,5 % en décembre dernier, soit bien loin de l’objectif de 2 % que s’est fixé la Banque du Japon. Dans ces conditions, le gouvernement a préféré repousser à avril 2017 la hausse de TVA de deux points initialement prévue pour octobre 2015. Le retour à l’équilibre budgétaire d’ici à 2020 s’avère d’ores et déjà compromis.