Si la demande des clients privés reste en devenir, l’offre de fonds investis dans le non coté ne cesse de s’enrichir. La réglementation est moteur pour flécher davantage l’épargne vers un univers divers, source de diversification et de décorrélation par rapport aux actifs traditionnels.
Pourquoi investir dans le non coté ?
Le non coté ne représente encore qu’une part infime dans les portefeuilles des clients privés français, loin derrière les 10 % détenus par les Américains. Pourtant, le private equity, la dette privée, les infrastructures et l’immobilier sont sources de performances complémentaires, souvent partiellement décorrélées de celles des actifs traditionnels ; sous réserve, toutefois, d’investir sur le long terme en raison de la nature illiquide de ces actifs. Selon Blackstone, de 2008 à 2023, un portefeuille composé à 30 % d’actifs privés, 45 % d’actions et 25 % d’obligations affichait un rendement annualisé de 6,5 % et une volatilité annualisée de 10,3 %, contre respectivement 4,7 % et 12,6 % pour un portefeuille traditionnel 60/40. Dans le sillage d’une réglementation toujours plus pro-active, l’offre de fonds adaptés aux clients privés s’enrichit. Les clients avertis se voient proposer des fonds de fonds ou des feeders de grands acteurs américains et européens dans le 1er quartile sur longue période, avec souvent une exposition importante à des sociétés américaines. Pour la clientèle retail, l’offre se concentre surtout sur l’accompagnement de PME et ETI françaises et européennes, avec dès lors la possibilité de soutenir l’économie réelle, mais aussi, selon les préférences ESG, de participer au financement de la transition énergétique. C’est d’ailleurs le sens de la loi Industrie verte avec, depuis fin octobre, une obligation de non coté dans les gestions pilotées de l’assurance vie (hors profil prudent) et des PER. Le temps long du non coté est en effet adapté à celui de l’épargne retraite. Dans un contexte économique et géopolitique qui s’annonce incertain et volatile en 2025, et à force de pédagogie, le non coté pourrait être davantage sollicité par les clients privés. La pierre papier, segment du non coté avec lequel ils étaient jusque-là le plus familier, mais délaissé en raison des turbulences sur une petite partie du marché des SCPI, pourrait même retrouver progressivement grâce à leurs yeux pour sa capacité à générer des revenus complémentaires réguliers. La baisse des taux en Europe est favorable à l’immobilier non coté. Elle pèsera aussi sur les produits d’épargne bancaires. Les SCPI pourraient alors retrouver une prime de risque plus attractive.
Quelles stratégies privilégiées ?
L’accompagnement est primordial pour identifier les stratégies de non coté adaptées à ses besoins et son profil de risque. Si le capital-investissement vise à générer de l’alpha sur 8 à 10 ans, la dette privée offre normalement un profil plus défensif avec une meilleure protection du capital, une récurrence de revenus et une durée de détention de 5 à 7 ans. D’où une offre croissante de fonds de dette privée pour la clientèle retail, offre jusque-là dominée par le private equity. Avec un profil également défensif et des revenus stables sur le long terme, les infrastructures répondent notamment aux investisseurs souhaitant participer au financement de la transition énergétique. Idéalement, ces différents segments complémentaires sont à associer dans une poche dédiée au non coté. Des fonds hybrides apportent des solutions d’allocation clé en main. Toutefois, les écarts de performance peuvent être importants d’une stratégie à l’autre, d’un format de fonds à un autre. Les performances attendues sur le long terme des fonds retail – de plus en plus evergreen – sont souvent moindres que celles des fonds professionnels, en raison notamment d’une poche de liquidité obligatoire. Les frais globaux sont également à analyser avant d’investir. En immobilier, les SCPI présentent toujours l’avantage de la mutualisation des risques et une grande souplesse de souscription. Mais dans un marché à deux vitesses, avec une consécration des jeunes SCPI diversifiées, et très concurrentiel, avec pléthore de nouvelles offres, la vigilance et la sélectivité restent de mise, notamment sur la solidité et l’expertise du gestionnaire.
La sélection de Funds
Private equity
- Lancé en 2020, le FCPR evergreen Apax Private Equity Opportunities permet de capitaliser sur les perspectives du private equity LBO (90 % de l’allocation cible). Ce fonds géré par Seven2, acteur historique du LBO, vise des opérations small cap (15 %) et mid cap (85 %) en France et en Europe dans la tech & télecoms, la santé et les services. Accessible en assurance vie, il est labélisé Relance et classé SFDR 8. La période de détention recommandée est de cinq ans.
- Avec Altaroc Odyssey 2024, Altaroc propose, jusque fin mars 2025, aux clients avertis avec un ticket d’entrée de 100 000 € son 4e millésime de fonds de fonds de private equity international. La société vise toujours des gérants internationaux dans le 1er quartile sur très longue période. Ce FPCI éligible à l’assurance vie luxembourgeoise sera composé à 80 % de 5 à 7 fonds de gérants dans les segments du Growth et du LBO (dont déjà Thoma Bravo, Vitruvian Partners et Bridgepoint) et à 20 % de co-investissements. Le TRI cible net est de 13 % par an pour une période de placement de 10 ans.
- Le private equity secondaire offre un profil rendement-risque adapté à la clientèle privée. Eurazeo commercialise jusque fin juin 2025 Eurazeo Secondary Feeder Fund V pour la clientèle avertie et un ticket d’entrée de 100 000€. Classé SFDR 8, c’est le 5e millésime d’une gamme lancée en 2003 auprès d’institutionnels avec des stratégies 100 % LBO et des performances résilientes. Le PE secondaire offre une grande diversification de millésimes, secteurs et géographies, une bonne visibilité avec des sociétés déjà bien établies et matures, qui plus est acquises avec une décote. Le portefeuille cible vise une exposition à une centaine de sociétés européennes. L’horizon de liquidité est généralement plus court qu’un fonds de PE primaire en raison de cessions plus rapides..
Dette privée
- Le FCPR evergreen Tikehau Financement Décarbonation permet d’investir dans des PME et ETI françaises et européennes qui s’engagent à décarboner leur modèle d’affaires. L’une des caractéristiques est un ajustement des marges d’intérêts payés par chaque société après une revue annuelle de son bilan carbone. Si les objectifs annuels sont atteints, le taux est révisé à la baisse et inversement. Classé SFDR 8, ce fonds vise un TRI net de 5 % à 6 % sur une durée de détention recommandée de 8 ans.
- Blackstone, plus grand gestionnaire d’actifs alternatifs au monde, propose depuis cette année son expertise à la clientèle retail française. Avec l’unité de compte Blackstone Crédit Privé Europe SC, les épargnants ont accès à une stratégie investissant dans la dette privée de grandes entreprises européennes. Cette UC evergreen est pour le moment accessible au sein des contrats distribués par BNP Paribas Banque Privée et BNP Paribas Cardiff ainsi que ceux de Generali.
Infrastructures
- Le FCPR Eiffel Infrastructures Vertes allie dette privée et infrastructures. Largement référencée et classée SFDR 9, cette UC permet de participer au développement, à la construction et à l’exploitation d’infrastructures vertes (solaire, éolien, méthanisation, stations de recharge pour véhicules électriques…) en Europe. Elle capitalise sur l’expertise en la matière d’Eiffel Investment Group. Son SRI est de 3 sur 7 pour une durée d’investissement recommandée de 5 ans.
- Pour les investisseurs préférant les stratégies en fonds propres, Amundi vient de lancer le FCPR Amundi Infrastructures Transition Énergétique. Ce fonds SFDR 9 investit dans des actifs réels et des sociétés d’infrastructures de transition énergétique et de décarbonation en France et en Europe. Les actifs réels d’infrastructures gérés par Amundi Transition Energétique représentent déjà près d’un milliard d’euros. Accessible en assurance vie et en PER compte-titre, il est également logeable dans un PEA-PME ou un CTO.
- Pour les clients avertis et un ticket d’entrée de 100 000 €, Private Corner propose jusqu’au 3e trimestre 2025 le FPCI European INFRAGREEN Strategy. C’est un fond nourricier de la SLP INFRAGREEN V gérée par RGREEN INVEST, qui bénéficie d’une expertise de plus de 10 ans dans le financement de la transition énergétique en Europe. Ce 5e millésime, classé SFDR 9, finance des projets Core + d’énergies renouvelables (60 à 70 %) et des infras de stockage, mobilité et stations de recharges.
Stratégies hybrides
- FCPR evergreen lancé en 2018 et largement référencé en assurance vie et PER, Eurazeo Private Value Europe 3 combine la dette privée (60 % de l’allocation) et les stratégies de private equity buy-out via des co-investissements et des transactions secondaires. Le portefeuille, positionné sur des PME et ETI européennes (Picard, Jott…), présente un profil défensif. Son SRI est de 3 sur 7 pour une durée de placement recommandée de 8 ans.
- Pour une approche multi-actifs encore plus diversifiée, Sienna IM propose depuis le printemps son 3e fonds de fonds hybride : le FCPR evergreen Sienna Private Assets Allocation classé SFDR 8. Son allocation est gérée de manière dynamique en fonction de l’environnement macroéconomique. L’actif net pourra notamment être positionné jusqu’à 70 % sur des fonds de LBO et jusqu’à 40 % sur des fonds d’infrastructures. Cedrus & Partners joue un rôle de conseil externe sur la partie non cotée. Le TRI net cible est de 8 % pour une durée de placement recommandée de 8 ans.
- Pour participer au financement de la transition énergétique en Europe, Amundi propose désormais un fonds evergreen ELTIF 2.0 accessible dès 1000 € en assurance vie et PER : Amundi FPS Private Markets ELTIF. Son allocation flexible sera répartie entre capital-investissement, dette privée et infrastructures.
Immobilier
- Créée en 2015 par Norma Capital et d’une capitalisation de plus de 900 M€, la SCPI diversifiée Vendôme Régions saisit les opportunités dans les grandes métropoles régionales. Vendôme Régions n’est volontairement pas référencée en assurance vie afin de privilégier le conseil intermédié et l’investissement stable sur le long terme. Ses performances sont stables dans le temps. Depuis sa création, son TRI est de 5,81 %.
- Lancée en 2022 et sans frais de souscription, la SCPI diversifiée Remake Live déploie une stratégie opportuniste en France et en Europe, notamment outre-Manche. Son TRI net cible est de 6 % sur 10 ans. Sa capitalisation avoisine déjà les 600 M€ avec 40 actifs en portefeuille. Cette SCPI permet aussi de donner du sens à son épargne. 5 à 10 % de la collecte sont destinés à soutenir les populations les plus fragiles économiquement. 7 immeubles, représentant 174 logements à loyer modéré gérés par 3 partenaires bailleurs sociaux, composent déjà la poche sociale.
- Kyaneos Pierre est l’une des rares SCPI investie sur l’immobilier résidentiel (88 %), un segment très résilient. La stratégie vise à améliorer la performance énergétique du parc immobilier de logements dans les régions. En juillet, la part de la SCPI a été revalorisée pour la 5e fois depuis son lancement en 2018. Son TRI sur 5 ans est de 5,58 %.