Alors que les banques centrales entament un mouvement de baisse des taux d’intérêt, le rendement de la classe d’actifs se réduit. En outre, les primes de risque sont extrêmement compressées. Le portage reste toutefois attractif, et les investisseurs peuvent encore espérer une appréciation du capital.
Pourquoi investir dans les fonds obligataires ?
L’année 2024 a marqué un tournant en matière de politique monétaire, avec l’amorce d’un assouplissement de cette dernière en zone euro comme aux Etats-Unis. Le rythme des prochaines baisses de taux d’intérêt sera dépendant de la conjoncture. Si un point d’atterrissage autour des 3 % aux Etats-Unis semblait assez consensuel avant l’élection de Donald Trump, le programme inflationniste de ce dernier pourrait changer la donne. En zone euro, il est attendu autour des 2 %. Dans ce contexte, le rendement des obligations se réduit petit à petit, mais il est contre-balancé par un possible gain en capital. Côté souverains, l’environnement reste néanmoins marqué par une résurgence du risque politique et surtout par une pression sur les taux liée à la dette des Etats, et ce, des deux côtés de l’Atlantique. Le crédit affiche de meilleurs fondamentaux. Ce segment a très bien performé depuis le début de l’année : l’investment grade a gagné 4,1 % sur les 10 premiers mois de l’année et le haut rendement a progressé de 7,3 %. Seul bémol : les primes de risque se sont fortement resserrées, offrant peu de potentiel de réduction pour les prochains mois. Malgré cela, le portage reste relativement intéressant alors que le marché monétaire est moins rémunérateur. « Comme le potentiel de performance des liquidités diminue, le maître-mot pendant cette nouvelle phase du cycle sera : tout sauf les liquidités », anticipe Bob Michele, directeur monde du pôle obligataire, devises et matières premières de J.P. Morgan AM.
Quelles stratégies privilégier ?
Sous réserve de se montrer sélectif, le crédit conserve son attrait, d’autant que les entreprises affichent des bilans sains, y compris les plus endettées. « Nous anticipons un taux de défaut qui se maintient sous son niveau historique pour les sociétés high yield sur l’année à venir », souligne Vincent Marioni, directeur des investissements crédit chez Allianz Global Investors. Des différences sectorielles sont toutefois notables. Les gérants tendent à privilégier les secteurs défensifs pour affronter le ralentissement économique. Le secteur automobile, en proie à des défis structurels, est par ailleurs en difficulté. Pour obtenir un niveau de rendement compétitif, le haut rendement est privilégié. « Les spreads de crédit se sont fortement resserrés, mais le portage reste attractif, le risque de refinancement s’éloigne et le marché primaire offre des primes d’émission très intéressantes », écrit Auris Gestion. Sur l’investment grade, qui offre un rapport d’environ 3,5 % actuellement, il peut être pertinent de descendre en subordination. De ce fait, l’intérêt pour les obligations financières reste prégnant, d’autant que les résultats des banques sont très solides. Les maturités de court à moyen terme restent privilégiées pour jouer la baisse de taux courts et parce que la partie longue de la courbe n’offre pas encore un rendement attrayant.
Les fonds monétaires et de court terme
La catégorie des fonds monétaires en euros affiche une performance de 3,10 % depuis le début de l’année selon Quantalys. Une progression en ligne avec celle de l’an dernier, qui permet aux investisseurs de patienter en toute sérénité entre deux investissements plus rentables. Las, la situation devrait se dégrader progressivement au fur et à mesure de la baisse du taux de dépôt de la BCE. La prochaine baisse est attendue dès le mois de décembre, d’une ampleur de 0,25 ou de 0,50 point. Pour les investisseurs sans contrainte spécifique, il peut être intéressant d’allonger légèrement son horizon de placement ou de prendre une touche de risque supplémentaire.
La sélection de Funds
- Régulier et performant, CM-AM PEA Sérénité devance largement son indice de référence sur longue période. Il présente en outre l’atout d’être éligible au plan d’épargne en actions.
- La Sicav de trésorerie Ofi Invest ESG Liquidités vise une performance égale à celle du taux moyen du marché monétaire au jour le jour augmenté de cinq points de base, tout en mettant en œuvre une approche d’investissement socialement responsable, ce qui lui permet de détenir le label ISR.
- Sienna Trésorerie Plus est un produit original lancé par Sienna IM pour répondre à des besoins de trésorerie longue. Il associe des obligations court terme et de la dette privée, avec un objectif de performance correspondant à l’Ester + 150 pb et une cible de duration d’environ six mois.
- A condition de supporter le risque de change, le fonds indiciel coté Lyxor Smart Overnight Return UCITS ETF permet de s’exposer aux taux américains puisqu’il cherche à surperformer à court terme la performance du taux Fed Fund de référence.
Le crédit
Après un engouement massif pour les stratégies à échéance l’an dernier, les lancements de fonds datés se sont réduits ces derniers mois. Ces derniers conservent néanmoins leurs atouts, à savoir une grande lisibilité, un horizon d’investissement défini à l’avance et une stratégie simple permettant de capter le portage des obligations. Le principal risque, celui d’une fuite des capitaux en cas de hausse des taux, semble peu probable. Les rendements se sont néanmoins fortement tassés, réduisant le charme de ces solutions et obligeant à se tourner vers des offres intégrant une bonne part de haut rendement. Les fonds ouverts offrent un éventail de stratégies plus large, permettant de s’adapter à l’évolution de l’environnement obligataire en cours.
La sélection de Funds
- Spécialiste de la gestion obligataire à échéance avec 12 fonds datés au compteur, Edmond de Rothschild AM a lancé en septembre dernier EdR SICAV Millesima 2030, pour tirer parti de la baisse des taux et du portage, indique la société de gestion. Le périmètre d’investissement est vaste puisqu’il concerne les émetteurs des pays développés. Sur le plan des notations, le portefeuille n’a pas de contraintes et peut détenir jusqu’à 100 % de sociétés high yield.
- Peu contraint lui aussi, Eiffel Rendement 2028, commercialisé jusqu’à fin décembre 2024, embarque un rendement actuariel à maturité de 6,2 % à fin septembre. Son portefeuille est composé à 94 % d’obligations high yield. Il est référencé dans 26 contrats d’assurance vie.
- BlackRock propose une gamme de 13 ETF obligataires à maturité dénommés iBonds, couvrant le marché corporate américain ainsi que les dettes souveraines américaines et de la zone euro. Leur TER se monte à 0,12 %.
- Doté d’une « gestion flexible et opportuniste », Carmignac Portfolio Credit est un produit de convictions, qui n’est pas contraint par un indice de référence. A fin septembre, son portefeuille comportait ainsi 17 % d’obligations émergentes et 10 % de CLO (collateralized loan obligation). En outre, il recourt aux CDS (credit default swap) : cette stratégie de couverture représente actuellement plus de 20 % de l’allocation. Depuis sa création, il a largement battu sa catégorie, selon Quantalys, sauf en 2022 où ses pertes ont été en ligne avec celles du marché.
- Géré activement, le fonds Dôm Alpha Obligations Crédit investit dans des obligations libellées en euros dont au moins la moitié sont de qualité investment grade, essentiellement sur du crédit, mais aussi de la dette d’Etat. Les gérants ciblent des émetteurs qu’ils jugent sous-évalués, sur lesquels ils anticipent une amélioration du profil de risque à court ou moyen terme. A fin septembre, la première ligne du portefeuille était ainsi l’Etat français.
- Lazard Credit Fi SRI est un véhicule permettant de s’exposer aux obligations subordonnées financières. Labellisé ISR, il affiche une performance annualisée de 4,12 % sur 10 ans. Ce fonds investit sur l’ensemble de la structure du capital, des titres seniors aux Additional Tier 1 (AT1). Il existe une variante, plus risquée : Lazard Capital Fi SRI, concentrée sur les AT1.
- Rothschild & Co AM vient de lancer R-co Conviction High Yield SD Euro, dont la stratégie consiste à investir dans des obligations high yield de maturité 1-3 ans. Selon la société de gestion, leurs performances sont proches de celles du marché haut rendement dans son ensemble, avec une volatilité moindre. Pour gérer le risque de crédit, ce fonds aura recours à des dérivés. Autre option pour aborder ce segment du haut rendement, avec une approche plus internationale : BGF Global High Yield Bond Fund, qui a fait ses preuves.
- DNCA Invest Alpha Bonds est piloté selon une approche de performance absolue. Doté d’une gestion flexible et internationale, il associe différentes stratégies obligataires adaptées à l’environnement macroéconomique. Avec une hausse remarquée en 2022, sa performance annualisée sur trois ans est supérieure à 5 %.
Obligations convertibles
Le marché des obligations convertibles a retrouvé des couleurs en 2024, avec un montant record d’émissions de 57 Md$ au cours du 1er semestre. Ce qui a permis un renouvellement intéressant du gisement, avec plus de diversification et le retour de certains secteurs comme les utilities. La classe d’actifs a bénéficié par ailleurs d’un regain d’intérêt des hedge funds.
Les convertibles offrent une diversification intéressante par rapport aux marchés actions et obligataires traditionnels. Selon une étude réalisée par Ellipsis AM, elles bénéficient d’un meilleur potentiel de surperformance sur le long terme par rapport à une allocation diversifiée 60 % actions/40 % obligations.
La sélection de Funds
- Mirabaud - Sustainable Convertibles Global est géré de manière active, afin de piloter la sensibilité actions en fonction des anticipations de marché, avec un degré très élevé de conviction. Le portefeuille est en effet resserré autour d’une cinquantaine de positions, le poids des 20 premières d’entre elles atteignant 60 %. La construction du portefeuille s’appuie sur un scénario macroéconomique central pour chaque zone géographique, dont découlent les secteurs à privilégier. La première étape consiste à définir l’univers éligible à partir de critères ESG, puis l’équipe de gestion analyse le profil technique des obligations convertibles, le fonds étant majoritairement exposé aux titres mixtes. Le processus de gestion est complété par une double analyse, de la qualité de crédit de l’émetteur et de l’action sous-jacente (le potentiel de hausse du cours de Bourse doit être d’au moins 20 %).
- La gestion du fonds UBAM - Global Convertible Bond a pour objectif principal d’offrir de la convexité aux investisseurs. La construction du portefeuille suit une approche bottom-up. La première étape consiste à éliminer de l’univers d’investissement toutes les obligations convertibles dont la composante obligataire n’est pas suffisamment solide, pour des raisons de liquidité ou de crédit. Dans un deuxième temps, l’équipe de gestion analyse l’obligation convertible à travers trois aspects : la partie crédit, le sous-jacent action et les caractéristiques techniques de l’obligation convertible (valorisation, les clauses attachées, etc.).
- M Global Convertibles SRI permet de s’exposer à l’univers large et diversifié des convertibles. Le processus de gestion repose sur une sélection de convertibles pures et mixtes. En complément, l’équipe de gestion peut recourir à des dérivés cotés pour remplacer certains profils ou diversifier les investissements en dehors du gisement. L’approche ISR s’appuie sur la méthodologie propriétaire d’analyse ISR développée par Montpensier Finance. Avec une centaine de lignes, le portefeuille est plus concentré que son indice de référence, le Refinitiv Global Focus Hedged Convertible Bond Index EUR (220 titres).
- Ellipsis Disruption Convertible est un fonds thématique qui cible, à l’échelle globale, les entreprises émettrices d’obligations convertibles qui participent à un changement structurel des pratiques économiques, sociales et environnementales. Une fois les entreprises identifiées, l’équipe de gestion applique un filtre crédit et de gouvernance puis sélectionne les thématiques de rupture les plus pertinentes en fonction du cycle d’adoption de l’innovation et, au sein de ces thématiques, les titres qui paraissent les mieux positionnés pour s’exposer à celles-ci. Le portefeuille est concentré autour d’une quarantaine de lignes, avec une exposition conséquente aux grandes capitalisations (plus de 50 %) et aux émetteurs américains (près de 60 %).
Dette émergente
La victoire de Trump rebat un peu les cartes pour la classe d’actifs. La perspective d’une augmentation des droits de douane américains et, par ricochet, du dollar pourrait peser sur la dette émergente libellée en dollars. Pour autant, le marché corporate émergent high yield est en hausse depuis l’élection américaine. La classe d’actifs bénéficie de solides atouts : une croissance dynamique dans les marchés émergents, une inflation maîtrisée, des banques centrales qui conservent une marge de manœuvre et un rendement attractif.
La sélection de Funds
- Géré par Syncicap AM, la filiale d’OFI Invest basée à Hong Kong, Ofi Invest ESG Global Emerging Bond Opportunities permet de mixer de la dette souveraine et des obligations d’entreprises émergentes libellées en devises locales. Le fonds peut également acquérir des obligations d’entreprises libellées en euros ou en dollars (entre 0 % et 40 % de l’actif net). Le processus de gestion repose sur une analyse des indicateurs macroéconomiques permettant d’évaluer la solidité d’un pays et sur l’analyse des facteurs techniques relatifs aux émetteurs. A cela s’ajoute un ensemble de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance qui forment une notation agrégée pour chaque pays. A fin septembre, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et le Brésil représentaient les principales expositions géographiques du fonds, chacune n’excédant pas 10 %.
- Le fonds IVO EM Corporate Debt (ex IVO Fixed Income) investit dans les obligations d’entreprises émergentes à haut rendement libellées en devises dures et couvertes du risque de change. L’équipe de gestion identifie des entreprises qui pâtissent de la mauvaise notation des pays dans lesquels elles ont leur siège social. La qualité de crédit élevée du portefeuille (noté en moyenne double BB) lui confère une certaine résilience face à d’éventuelles déceptions ou changements de perspective. Le fonds offrait un rendement de 8,4 % en $ à fin octobre. IVO Capital Partners propose également d’investir dans la dette émergente via des fonds datés. Après le succès d’IVO 2028, la boutique vient ainsi de lancer IVO 2030, un fonds à échéance composé d’obligations d’entreprises notées investment grade dans les pays émergents, qui permet notamment de tirer parti des opportunités offertes par le marché primaire, très dynamique depuis quelques mois.
- Géré avec une approche flexible, Carmignac Portfolio EM Debt permet de tirer parti de plusieurs moteurs de performance au sein de l’univers obligataire émergent : dette locale, dette externe et devises. Le fonds intègre une analyse ESG. Du côté des ETF, Axa IM a lancé récemment Axa IM Emerging Markets Credit PAB UCITS ETF pour compléter sa gamme PAB (Paris Aligned Benchmark). Ce produit offre une exposition à des obligations de qualité investment grade et high yield libellées en dollars et en euros, émises par des sociétés répondant aux objectifs de réduction des émissions de carbone tels que définis par l’Accord de Paris.