Pour Eléonore Bunel, directrice de la gestion obligataire chez Lazard Frères Gestion, la conjoncture économique est particulièrement intéressante pour les stratégies obligataires offrant des primes de risque élevées : High Yield, subordonnées financières et dette émergente notamment. Avec ces stratégies, les investisseurs profitent d’un niveau de portage élevé ainsi que d’un large choix en matière de couple rendement/risque.
La conjoncture économique est-elle favorable aux marchés obligataires ?
Depuis quelques mois, la conjoncture est marquée par l’assouplissement monétaire des banques centrales, ce qui constitue bien sûr un contexte très favorable pour les marchés obligataires. La baisse des taux vient également soutenir les perspectives de croissance, ce qui est de bon augure pour les segments les plus sensibles à la conjoncture.
La baisse des taux de la Fed est également positive pour les marchés émergents, très dépendants de la politique monétaire américaine. Les fondamentaux de ces pays s’améliorent par ailleurs de manière substantielle. Certains d’entre eux sont même en meilleure santé que les principales économies développées en matière d’endettement public et de déficit.
De quelle manière les investisseurs obligataires peuvent-ils tirer parti de cet environnement ?
Beaucoup de stratégies obligataires sont pertinentes dans ce contexte de baisse des taux. Actuellement, nous portons un intérêt tout particulier à l’ensemble des segments à haut rendement, que nous appelons les stratégies High Income. Celles-ci offrent des rendements élevés et bénéficient à la fois de la baisse des taux et de l’amélioration des perspectives économiques. Cela se traduit notamment par une baisse des taux de défaut sur ces segments de marché.
Vers quels segments du High Income les investisseurs peuvent-ils s’orienter ?
Le marché High Yield reste la classe d’actifs de référence lorsque l’on parle de High Income. Grâce à ses taux de rendement substantiels, la performance du High Yield s’avère nettement supérieure à celle de l’Investment Grade sur le long terme, et ce, malgré les différents épisodes de volatilité. Le High Yield européen se démarque par ailleurs de son équivalent américain par une meilleure qualité de crédit pour des niveaux de rendement équivalents une fois retraités du risque de change. Il offre actuellement des rendements à terme encore très consistants, de l’ordre de 6 % par an. Pour les investisseurs à la recherche de diversification, il est également possible de se tourner vers le segment High Yield des pays nordiques, une composante encore peu connue du High Yield européen. Ce segment s’illustre par des rendements à terme encore supérieurs, de l’ordre de 8 à 9 % par an, en contrepartie d’émissions de plus petite taille, donc d’une moindre liquidité et d’une plus forte volatilité.
Une autre approche au sein de l’univers High Income consiste à aller chercher des rendements plus élevés en s’exposant à des émissions subordonnées, donc moins sécurisées qu’une émission senior. La pratique est courante dans le secteur bancaire européen, où les établissements doivent émettre des dettes associées à différents niveaux de risque pour des raisons réglementaires. Il s’agit des dettes AT1 et Tier 2, qui bénéficient d’une forte dynamique depuis un an et demi. Ces titres sont portés par la baisse des taux et des spreads, mais aussi par les très bons résultats des banques européennes. Pour les investisseurs, il est ainsi possible de capter le rendement d’un actif risqué tout en restant exposé à un émetteur de catégorie Investment Grade présentant un très faible risque de défaut.
La dette émergente, enfin, est un segment de marché où les rendements à terme sont par nature plus élevés que sur les marchés des pays de l’OCDE. Investir dans une dette Investment Grade d’un émetteur émergent permet d’aller chercher un surplus de rendement sans s’exposer à un émetteur ou une émission de catégorie High Yield. Un vaste choix s’offre aux investisseurs, qui peuvent investir dans des obligations souveraines en devises fortes ou en devises locales, mais aussi dans des obligations d’entreprises.
*L’univers High Income englobe l’ensemble des segments à haut rendement sur les marchés obligataires : High Yield, dettes subordonnées et dettes émergentes notamment.