Proposée depuis février dernier aux investisseurs européens, la stratégie Systematic Liquid Alpha de Morgan Stanley IM (MSIM) vise à offrir des rendements totaux attractifs, avec une faible corrélation aux classes d’actifs traditionnelles et une volatilité annualisée cible de 8 %. Pour cela, elle s’appuie sur le concept de prime de risque alternative et ses vertus en termes de diversification.Explications de Kara O’Halloran, vice-présidente de l’équipe AIP Hedge Fund Solutions de MSIM.
Quels sont aujourd’hui les enjeux de la diversification ?
L’échec des sources traditionnelles de diversification au cours des dernières années souligne la nécessité de disposer d’outils complémentaires et véritablement non corrélés, au-delà de la combinaison classique, 60 % d’actions et 40 % d’obligations. Afin d’atténuer davantage les risques de baisse et d’obtenir des expositions différenciées aux marchés, les investisseurs se sont intéressés de plus en plus aux investissements alternatifs. Au cours des dernières décennies, cet univers a donc connu une croissance substantielle et s’est enrichi pour englober une myriade de classes d’actifs, de structures et de stratégies, avec, à la clé, la capacité d’évaluer et d’extrapoler plus efficacement les sources d’alpha des fonds spéculatifs et autres investissements alternatifs. En fait, cet alpha ne repose pas uniquement sur la compétence du gérant, mais également sur la prime de liquidité et sur les primes de risque alternatives (PRA). De nouveaux outils de diversification peuvent dès lors être identifiés au sein de l’univers des investissements alternatifs.
En quoi les primes de risque alternatives apportent-elles une réponse ?
Le concept sous-jacent aux PRA est la récompense potentielle d’un investisseur qui prend un risque alternatif aux risques de marché traditionnels. Ces primes de risque cherchent souvent à exploiter le fait que la performance de différents groupes de titres est liée à des facteurs communs tels que la taille, la valeur, la croissance, le momentum et le portage. Les PRA sont structurées selon une approche long/short, ce qui permet aux gestionnaires d’isoler la prime de risque associée à chaque facteur. Elles couvrent toutes les zones géographiques et toutes les classes d’actifs, y compris les actions, les taux, les matières premières et les devises. Par ailleurs, les PRA ne dépendent pas d’une compétence unique et elles sont mises en œuvre dans le cadre d’un processus fondé sur des règles. Elles peuvent donc être proposées à un coût inférieur à celui de l’alpha basé sur les compétences, ce qui les rend bien adaptées aux fonds ouverts avec une liquidité quotidienne.
Quels sont plus précisément leurs avantages ?
Les différentes stratégies de PRA ont démontré peu ou pas de corrélation entre elles, et elles affichent généralement une faible corrélation avec les actifs traditionnels. Combiner plusieurs stratégies de PRA au sein d’un portefeuille diversifié traditionnel peut donc en améliorer le rendement ajusté du risque sur une longue période. Les PRA peuvent aussi apporter une meilleure protection du portefeuille à la baisse dans les périodes où les différents actifs traditionnels sont fortement corrélés. Si les PRA sont déployées par le biais de swaps bancaires, elles apportent transparence et liquidité. En outre, les PRA peuvent être plus rentables. De nombreux fonds de primes de risque n’ont pas de commission de performance et peuvent être moins chers que d’autres sources d’exposition alternative. Si incorporés par le biais de swaps bancaires, ils nécessitent moins d’engagement de capital pour des levées. Ainsi, les liquidités non grevées peuvent être investies dans des instruments très court terme (cash and cash équivalents) rémunérés aux taux de marché.
Qu’en est-il de leur utilisation dans des fonds d’investissement alternatifs ?
Les PRA permettent de combler les lacunes des stratégies de hedge funds, le tout dans un format liquide, peu coûteux et transparent, à même de s’adapter aux changements de régime du marché. Lorsque l’investissement dans les hedge funds ou les CTA (Commodity Trading Adviser) est structurellement difficile, et ce pour des raisons de liquidité, de transparence ou de gouvernance, les PRA sont une alternative solide. Enfin, elles peuvent agir comme la partie liquide de portefeuilles positionnés sur des actifs privés, en particulier ceux exposés au private equity ou à la dette privée. Allouer une part de l’actif à des stratégies PRA permet alors d’obtenir des rendements supérieurs à ceux des liquidités inutilisées, car prévues pour gérer les rachats et honorer les engagements en capital.