Table ronde

L’investissement à impact, une réponse à la quête de sens ?

Publié le 17 septembre 2021 à 11h56    Mis à jour le 30 septembre 2021 à 11h43

Propos recueillis par Catherine Rekik

L’investissement responsable séduit de plus en plus la clientèle privée, comme le montrent les flux depuis un an. Et l’offre de gestion ne cesse de s’étoffer. • Dans l’univers des fonds responsables, les stratégies à impact répondent-elles mieux à la quête de sens des investisseurs ? • Comment définir un investissement à impact ? • Quelle est la promesse des fonds à impact ? • Dans un fonds à impact, comment les titres sont-ils sélectionnés (critères financiers, potentiel d’appréciation ou évaluation de l’impact dans un thème défini) ? • Comment concilier rendement et impact ? • Comment rendre compte de l’impact ? • Quel suivi mettre en place ? • Quelles sont les thématiques d’impact les plus recherchées ?

La communication autour de l’investissement responsable, de l’ESG et de l’impact s’est intensifiée, mais la compréhension de ces sujets n’est pas toujours évidente. Les investisseurs devraient-ils se méfier du « greenwashing » ?

Raphaël Thuindirecteur des stratégies de marchés de capitaux, Tikehau Capital : Au-delà des problèmes qui peuvent concerner certains acteurs, il y a des interrogations sur la façon d’évaluer les investissements responsables et de les suivre. Prenons l’exemple du montant d’encours ESG sur le total des encours gérés dans le monde : d’un fournisseur de données à un autre, le chiffre varie de 4 à 35 %. Il y a donc bien un problème de définitions en matière d’investissement responsable.

Thibault Amanddirecteur des ventes pour la France, Vontobel : Dans le cadre de l’application du règlement SFDR, nous avons eu l’intuition, très rapidement, que les régulateurs n’hésiteraient plus à sanctionner les sociétés peu regardantes en matière de transformation des encours en article 8 et article 9.

Nicolas Bénétonsenior client portfolio manager, Robeco : Il y a une dizaine d’années, nous étions un certain nombre à penser que la victoire de l’ESG passerait par sa dilution dans la gestion. C’est ce qui se passe aujourd’hui. Parler de fonds ESG n’a plus vraiment de sens. Quelle société de gestion irait revendiquer aujourd’hui de ne pas faire d’ESG ? Mais cette démocratisation s’est faite dans une version sans doute un peu moins exigeante. C’est la même chose pour l’impact. Les acteurs historiques de la microfinance et des investissements à impact dans le non-coté doivent regarder avec suspicion l’offre qui se développe dans le coté et s’applique à de très larges allocations. Cependant, dans le même temps, l’impact s’est largement étendu, et c’est une victoire pour l’intégration de la durabilité dans la gestion à une large échelle, même s’il y a des interrogations et des imperfections.

Comment définissez-vous l’investissement à impact ?

Nicolas Bénéton : Chez Robeco, nous avons depuis quelques années une nomenclature interne avec trois catégories : l’intégration ESG dans toutes les classes d’actifs pour lesquelles c’est possible, puis la catégorie « focus », avec une dimension ESG plus importante, comme la mise en place de filtres ESG ou de mesures comme l’intensité carbone, etc. La troisième catégorie concerne l’impact et regroupe toutes les thématiques durables, les fonds obligataires crédit qui intègrent des objectifs liés au développement durable dans leur gestion et des fonds à impact orientés vers les ODD. Lorsqu’il a fallu appliquer SFDR, il est apparu que notre catégorie « impact » correspondait aux critères de l’article 9 et les deux autres catégories à l’article 8 à quelques rares exceptions près. 

En ce qui nous concerne, un fonds à impact est donc un fonds qui a un objectif de durabilité en plus des objectifs de risque/rendement.

Raphaël Thuin : Investisseurs dans le non-coté et le coté, aussi bien en actions qu’en obligations, nous avons essayé d’avoir une vue générale de ce qu’était l’impact pour mieux le définir quelles que soient les classes d’actifs et les méthodes d’investissement. Nous avons travaillé avec des intervenants extérieurs pour définir cinq piliers d’impact : les trois piliers classiques – l’intentionnalité, l’aditionnalité et l’idée de mesure et de reporting –, auxquels nous avons ajouté l’alignement des intérêts puisque Tikehau Capital investit conjointement avec ses clients, de façon systématique, dans les stratégies à impact et l’audit externe. En l’absence de définition précise de l’impact et face au risque de « greenwashing », nous avons choisi, pour chacune de nos stratégies d’impact, dans le coté et le non-coté, de travailler avec un auditeur externe qui va valider notre méthodologie, notre reporting et évaluer l’impact de nos investissements.  Nos investissements à impact ont débuté dans le private equity en 2018, puis avec un fonds de dette privée avant que ne soit lancé, cette année, une stratégie obligataire dédiée à la transition énergétique.

Thibault Amand : Vontobel a développé un modèle multiboutique, et tous les affiliés ne sont pas au même niveau en matière d’investissement responsable et d’impact. Nous avions nous aussi catégorisé en trois nos investissements : les gestions non ESG, les processus intégrant les critères ESG et les stratégies à impact. Ces trois catégories ont trouvé rapidement et naturellement des correspondances avec les articles 6, 8 et 9 du règlement SFDR. Nous n’avons pas cherché à faire coïncider à tout prix des fonds avec les articles 8 et 9. 

Nous avons des investissements à impact depuis plus de treize ans, principalement au travers de la boutique Sustainable Equities, ce n’est donc pas un effet de mode pour nous. L’impact se définit pour nous par des critères d’intention et de mesurabilité.

Comment met-on en œuvre les objectifs de durabilité ? La gestion part-elle de ces objectifs pour constituer un portefeuille ?

Nicolas Bénéton : Même si notre démarche est antérieure, les objectifs de développement durables définis par les Nations Unies ont constitué assez vite un référentiel pour nos gestions essentiellement composées d’actifs cotés. Cela étant, les gérants d’actifs n’ont pas vocation à contribuer aux 17 ODD. En général, les fonds, qui existaient déjà, se réfèrent à trois ou quatre ODD de façon pertinente et concrète, c’est-à-dire en analysant les chiffres d’affaires des entreprises, par exemple. Les ODD sont donc plutôt venus concrétiser et conforter notre démarche plutôt que d’engager des lancements de produits. Mais depuis, lorsque Robeco lance de nouveaux fonds, les équipes de gestion regardent à quels ODD ils peuvent se référer.

Thibault Amand : Le processus d’investissement commence par définir des objectifs d’impact au sein des impacts positifs souhaités sur les plans social et environnemental, qui correspondent à certains des 17 ODD de l’ONU.

Vontobel a décidé de se concentrer sur huit « piliers d’impact » correspondant selon nous aux problèmes que l’humanité doit résoudre au plus vite et pour lesquels nos investissements peuvent permettre un réel changement. Ces huit piliers sont l’épuisement des ressources, l’augmentation du niveau de pollution, le changement climatique, les problèmes mondiaux liés à l’eau, le vieillissement de la population, les problèmes de santé, les questions liées à la distribution alimentaire et à l’accroissement des inégalités. 

Dans le cas de Vontobel Clean Technology, nous nous focalisons ainsi sur les énergies propres. La sélection de valeurs s’articule, autour des sous-secteurs définis, en fonction de critères préalablement définis : la taille, la zone géographique, etc.

La construction du portefeuille relève ensuite d’un processus d’investissement très classique. Nous cherchons à obtenir un double dividende : un rendement financier, la mission du fonds étant tout de même de surperformer son indice de référence, et un bénéfice environnemental ou social selon le thème du fonds.

Raphaël Thuin : Dès l’origine, les fondateurs de Tikehau Capital ont poursuivi deux objectifs : le financement de l’économie réelle en accompagnant les petites et moyennes entreprises et l’urgence climatique. Ce focus sur le climat a porté le lancement des stratégies à impact. Pour le dernier fonds lancé sur le high yield, nous avons essayé de classer les émetteurs en trois catégories. La première comprend les émetteurs verts, les « pure players » qui émettent des green bonds ou fabriquent des panneaux solaires. Ces acteurs sont bien identifiés. Les financer permet de contribuer à la problématique du climat, mais ce ne sont pas forcément eux qui ont besoin de notre financement ou d’être sensibilisés à cette cause. D’où l’idée d’une deuxième catégorie qui rassemble des acteurs qui ne sont pas des « pure players » mais sont signataires d’un accord international ou se sont engagés en matière de neutralité carbone. Ils veulent mieux faire mais, très souvent, dans cet univers de petites entreprises, ils ne savent pas comment procéder et n’ont pas forcément les ressources nécessaires. Notre expérience nous permet d’avoir un impact sur ces entreprises et de les amener à formaliser leur intention. Enfin, la dernière catégorie concerne des entreprises qui n’ont émis aucun souhait en matière de transition climatique, mais dont nous connaissons bien les modèles de développement et pour lesquelles nous avons identifié un chemin de croissance durable. C’est au travers de cette thématique du climat que nous allons essayer de mesurer notre durabilité et notre impact sur chacune de ces trois catégories.

Il y a dans vos portefeuilles respectifs des entreprises ayant des niveaux de contribution à un objectif durable et des engagements très différents. L’impact est donc mesuré de façon globale, au niveau portefeuille ?

Thibault Amand : En effet, l’impact peut être très variable d’une entreprise à l’autre. Il y a beaucoup d’acteurs en devenir dans les portefeuilles, car les gérants essaient de déceler ceux qui vont participer au changement climatique. L’impact n’est pas immédiat, il est en devenir. Nous allons d’abord chercher à aider les entreprises à accomplir leur mission.

Raphaël Thuin : Certaines entreprises ont besoin d’être incitées, et nous constatons que la plupart sont très réceptives à nos arguments. Elles ont conscience de cette urgence et de la nécessité de faire évoluer leurs modèles de développement pour s’orienter vers la croissance durable. Dans l’univers d’investissement obligataire, 40 à 60 % des émetteurs notés investment grade ont signé des engagements de neutralité carbone alors que, dans le high yield, ils ne sont que 10 à 20 %. Sensibiliser ces petites et moyennes entreprises aux enjeux climatiques est indispensable si on veut réussir à converger vers l’accord de Paris.

Nicolas Bénéton : Dans nos fonds thématiques, nous sommes très sélectifs, avec des investissements ciblés sur les apporteurs de solutions. Il est possible d’intégrer également des entreprises à des stades de développement moins avancés ou celles qui font évoluer leurs activités. Nous avons des scores internes de contribution aux ODD. Pour certains de nos fonds, nous ne prenons que les scores les plus élevés, pour d’autres nous pouvons prendre des scores moins élevés tout en faisant très attention aux notes ESG et aux controverses. C’est le cas en particulier dans l’obligataire, une classe d’actifs dans laquelle il est difficile de constituer un fonds investi uniquement dans des « pure players », la constitution des indices obligataires rendant la tâche plus difficile. Il faut être vigilant sur la mise en place et la concrétisation des objectifs annoncés.

La sélection de « pure players » dont l’impact est bien identifié ou des entreprises les mieux notées sur le plan ESG ne réduit-elle pas l’univers d’investissement ? Ne risque-t-on pas de retrouver toujours les mêmes noms dans les portefeuilles ?

Thibault Amand : Si l’approche du gérant est mondiale, l’univers d’investissement est suffisamment large pour constituer un portefeuille de 50 à 70 titres. Il est vrai cependant que certains noms se retrouvent dans plusieurs portefeuilles, mais la mission du gérant est de déceler les pépites et les futurs leaders du marché.

Nicolas Bénéton : La gestion thématique, notamment orientée vers le développement durable, accueille de plus en plus d’intervenants, donc ces risques existent. Certains noms peuvent se retrouver dans de nombreux portefeuilles, mais ce sont généralement des entreprises bien établies qui ne posent pas de problème de liquidité.

Le risque de momentum est cependant réel, comme nous l’avons vu en 2020 sur certaines niches de marché. Cela s’explique en partie par le développement de la gestion passive et d’indices sur des univers très restreints, parfois sur 20 ou 30 noms à peine. Des rebalancements techniques de ces indices peuvent avoir un impact assez fort sur le marché sans qu’aucun événement fondamental ne soit en cause.

Raphaël Thuin : Dans l’obligataire, l’univers des green bonds grossit rapidement, mais il est souvent peu rentable pour l’investisseur. Les émetteurs sont souvent notés investment grade et proposent des rendements très faibles, voire nuls. Dans le cadre de notre fonds, nous accompagnons différents types d’acteurs de l’univers high yield, donc l’univers de départ est assez large. Nous n’investissons néanmoins que dans des émetteurs dont nous avons une connaissance approfondie, avec une vraie compréhension de leurs problématiques ESG, pour pouvoir les accompagner au mieux. C’est cette exigence qui réduit de facto l’univers dans lequel nous investissons. Le challenge est de parvenir à constituer un portefeuille rentable d’un point de vue financier et extra-financier dans l’univers de 450 entreprises que nous couvrons et connaissons bien, et dans lequel clairement toutes ne seront pas éligibles. Par chance, on voit arriver de nouveaux émetteurs. En 2021, par exemple, nous voyons une explosion des émissions vertes dans le high yield avec parfois beaucoup de rendement en Europe et dans d’autres marchés.

Avec peut-être le risque de voir arriver de nouveaux acteurs en Bourse avec des niveaux de valorisation très élevés parce qu’ils surfent sur des thématiques à la mode…

Thibault Amand : C’est la raison pour laquelle la gestion active prend tout son sens ! C’est le métier du gérant de faire le tri et de sélectionner des titres en tenant compte des valorisations.

Nicolas Bénéton : C’est tout l’intérêt de l’analyse fondamentale : être proche des entreprises. Il faut savoir faire attention au décollage soudain de ces nouveaux acteurs, dont il faut pouvoir apprécier le modèle de développement et les différents débouchés et se montrer actif dans ses convictions.

Raphaël Thuin : La question de la cherté de ces actifs peut se poser en effet, car l’offre ne parvient pas à absorber la très forte demande. Ces actifs sont chers, aussi bien dans la partie actions que dans l’obligataire. Il est donc tentant de surfer sur cette vague pour se financer à moindre coût ou trouver des capitaux décotés. Par ailleurs, pour certains actifs verts, un flou persiste : qu’est-ce qu’un green bond ? A quoi vont servir les capitaux levés ? La façon dont ils sont utilisés correspond-elle à la nomenclature « green bonds » ? Des dérives commencent à apparaître, ce qui est symptomatique d’une classe d’actifs naissante qui attire de nombreux capitaux.

Comment mesurez-vous l’impact de vos fonds ? Quelle information peut être restituée aux clients ? Comment parvenir à un équilibre entre la performance financière et l’impact environnemental et/ou social ?

Nicolas Bénéton : Deux solutions peuvent être utilisées pour rendre compte de l’impact. La première s’applique à des portefeuilles globaux pour lesquels nous allons mesurer l’intensité de la contribution positive aux ODD ciblés. Les chiffres d’affaires de chaque entreprise présente en portefeuille vont être additionnés et mesurer une contribution à un ODD. Cette méthode s’applique très bien à la gestion crédit, en particulier investment grade, et à certains fonds actions globaux ou quantitatifs. Cette première solution donne une vue d’ensemble de l’orientation du portefeuille.  La deuxième solution consiste à déterminer des mesures d’impact. C’est là que ça se complique. De façon systématique, nos fonds à impact comportent des avertissements qui expliquent la méthodologie et les cadres d’analyse. Nous expliquons bien à nos clients que toutes les sociétés en portefeuille ne contribuent pas nécessairement au même objectif, que certaines données ne sont pas très récentes, qu’il s’agit de la photographie d’un portefeuille d’actions cotées, à valorisation quotidienne… Selon la stratégie, nous nous efforçons de définir entre deux et quatre mesures propres à chacune. Il est difficile de tout homogénéiser pour des entreprises qui ont des activités différentes, qui opèrent dans plusieurs zones géographiques et poursuivent des objectifs différents. La mise à jour de ces mesures d’impact est annuelle pour ne pas donner l’impression aux investisseurs qu’elles varient en fonction d’un contexte de marché.

Raphaël Thuin : Le reporting de l’impact est complexe. On ne pourra jamais mesurer complètement l’impact d’une entreprise ou la part qui nous revient dans cet impact. C’est la raison pour laquelle nous sommes très transparents sur le sujet et très exigeants, car le risque de « greenwashing » est élevé. Nous essayons de multiplier les mesures quantitatives de notre impact – l’empreinte carbone, l’engagement, les interactions avec l’entreprise, etc. – et qualitatives en expliquant nos cas d’impact et en les illustrant.  Dans certains cas, on s’aperçoit que nous ne sommes pas nécessairement au niveau d’impact que nous souhaiterions avoir mais, pour des petites entreprises, nous devenons des interlocuteurs privilégiés. Elles nous sollicitent dès qu’elles ont une question ESG pour que nous les aidions à y répondre. Et dans ce cas, nous savons que l’impact est grand sans pour autant pouvoir le quantifier avec un chiffre.

Thibault Amand : Depuis quelques années, nous publions un rapport d’impact détaillé et audité. Certaines données sont plus tangibles que d’autres, donc nous avons mis en place des indicateurs clé de performance que nous suivons chaque année. C’est ce qui nous permet de produire le rapport le plus proche possible de la réalité. 

Dans une approche pédagogique et un peu ludique, nous avons mis en place un calculateur accessible sur notre site. Un investisseur peut calculer l’impact pour chaque euro investi dans un fonds. Ce qui permet de réconcilier les investisseurs privés avec la finance.

Nicolas Bénéton : La réglementation SFDR a mis en lumière un point important pour les actifs cotés : ce ne sont pas les portefeuilles qui génèrent un impact mais bien les entreprises dans lesquelles nous investissons.

Comment réagit la clientèle privée à l’investissement à impact ? Y est-elle sensible ? Peut-on considérer que c’est l’avenir de l’investissement responsable ?

Nicolas Bénéton : La clientèle privée au sens large se soucie moins des moyens mis en œuvre que de la finalité. Durant de nombreuses années, l’approche best-in-class a été privilégiée, mais elle n’a jamais été compréhensible pour les clients particuliers. L’investissement thématique, qu’il soit en lien avec le développement durable ou non, a permis à la clientèle retail de découvrir une autre approche et de sortir des approches traditionnelles des fonds globaux. Les clients veulent investir dans des fonds qui ont des objectifs clairs.

Thibault Amand : Nous avons mené, cette année, une étude auprès d’un panel d’investisseurs institutionnels et privés qui montre bien l’intérêt pour ce type de stratégies : 60 % des investisseurs sondés veulent augmenter la part qui leur est consacrée. Les investisseurs institutionnels ont montré l’exemple mais la prise de conscience est désormais générale, la pandémie de Covid-19 ayant été un catalyseur. Tous les acteurs veulent financer l’économie dans ce sens.

Raphaël Thuin : Nous sommes face à un tsunami qui va tout renverser ! Chez Tikehau Capital, nous sommes convaincus que d’ici à dix ans, plus personne n’investira dans une logique purement financière sans se préoccuper des conséquences extra-financières. Investir de façon responsable va devenir la norme. C’est déjà le cas pour les patrimoines les plus importants, les jeunes générations et nos clients en général.

Notre ambition est donc de standardiser rapidement la notion d’impact dans toutes nos gestions et de passer l’ensemble de la gamme en article 9 le plus rapidement possible.

C’est sur la thématique de l’environnement que l’offre de fonds à impact s’est beaucoup développée. Pensez-vous que la dimension sociale va également prendre de l’importance ?

Thibault Amand : L’impact social a longtemps relevé de la microfinance. L’univers d’investissement dans le social est moins grand, le gisement moins profond que pour l’environnement. Nous abordons plus ce sujet dans nos fonds responsables à travers les politiques d’engagement et le vote aux assemblées.

Nicolas Bénéton : Depuis 2015, l’essor des fonds « low carbon » a permis de démocratiser les fonds durables. Assez vite, nous avons choisi de ne pas nous limiter à l’aspect environnemental et nous avons lancé un fonds sur la diversité homme/femme il y a six ans maintenant. Au moment de ce lancement, nous n’étions pas en mesure de présenter des mesures d’impact. Cela nous a pris plusieurs années pour les formaliser et adapter notre base de données. 

Au-delà du lancement de nouveaux fonds avec un impact social, il y a une réflexion collective sur  l’impact social des fonds environnementaux grâce notamment à l’interconnexion des ODD.    Prenons l’exemple d’un fonds thématique sur l’eau qui va être placé dans la case « fonds environnementaux » alors qu’il a aussi une dimension sociale importante, puisqu’il investit dans des entreprises qui vont favoriser l’accès à l’eau potable et donc limiter les risques sanitaires, certains mouvements migratoires ou conflits, etc.

Thibault Amand : Dans certains pays, l’impact social est antinomique avec l’impact environnemental. C’est un problème. Empêcher par exemple une extraction parce qu’elle détruit une région peut avoir un coût social important en privant de revenus de nombreuses familles.

Raphaël Thuin : Nous constatons que l’aspect social prend de plus en plus d’importance chez nos clients, notamment les questions de parité et de diversité. Par exemple, nos clients américains regardent beaucoup tout ce qui concerne la mixité sociale dans les entreprises ou dans les conseils d’administration. Chez Tikehau Capital, nous travaillons sur le climat et sur une thématique connexe, la biodiversité, l’un impactant l’autre. C’est un de nos prochains axes de développement, même si c’est aussi très difficile à définir et à mesurer. 

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