2022 a été une année épouvantable en termes de performance et de collecte et le premier semestre s’est inscrit dans la même tendance selon les résultats de de l’enquête « Investment Management Outlook 2024 » réalisée par Deloitte auprès de 600 de représentants de sociétés gérant au minimum 50 Md$ d’encours dans différentes régions du Monde.
Dans ce contexte de baisse généralisée des encours, notamment en gestion active, et après une augmentation des opérations de rapprochement entre 2021 et 2022, la consolidation s’accélère dans l’industrie de l’asset management. « Les opérations devraient être plus petites et plus tactiques à l’avenir, les grosses acquisitions étant plus difficiles à financer et à intégrer » souligne cependant Yoan Chazal, associé chez Deloitte. 14% des sondés s’attendent à plus d’opérations dans les 12 prochains mois alors qu’ils n’étaient que 6% à l’anticiper un an auparavant. Les sociétés de petite taille cherchent à s’adosser ou à nouer des partenariats pour mieux résister dans un environnement très volatil et à enrichir l’offre de gestion. Plusieurs raisons expliquent par ailleurs la baisse des méga-fusions : « Les valorisations ont beaucoup augmenté ces dernières années et de fait, il y a de plus en plus d’inadéquation entre les vendeurs et les acquéreurs. Ces opérations se sont révélées complexes à mettre en œuvre et ont souvent favorisé le départ des gérants stars. Nous constatons également une tendance aux partenariats entre les compagnies d’assurance et les sociétés de gestion avec 28 opérations enregistrées au premier semestre 2023. La compagnie d’assurance renforce ainsi son expertise sur une classe d’actifs tandis que l’asset manager s’ouvre un nouveau réseau de distribution ».
Outre la perspective de consolidation du secteur, l’étude menée par Deloitte montre un certain pessimisme dans l’industrie : à peine 38% des acteurs interrogés ont des perspectives de revenus positives contre 78% en 2021 et 65% en 2022. « En parallèle, en trois ans, on note une baisse drastique du nombre de sociétés de gestion envisageant des investissements technologiques ». Ces investissements ciblent des sujets comme la gestion des risques et la cybersécurité – domaine dans lequel il reste pas mal de choses à faire dans l’industrie-, mais très peu concernent la relation client, surtout en France où la distribution est historiquement intermédiée. « L’expérience client est le parent pauvre de la transformation du secteur mais l’Intelligence Artificielle peut apporter des améliorations à condition de maîtriser son implémentation et ses différents impacts » conclut Yoan Chazal.