Table ronde

Actions : des fonds thématiques sinon rien !

Publié le 29 avril 2022 à 9h30

Catherine Rekik    Temps de lecture 35 minutes

Tout ou presque est devenu source d’inspiration pour les gérants : les enjeux environnementaux, le vieillissement de la population ou les aspirations de la jeune génération, mais aussi le sport, le bien-être y compris des chiens et des chats, etc. Sans parler des objectifs de développement durable des Nations unis qui ont donné naissance à des fonds sur l’alimentation, l’éducation ou l’économie circulaire. 
.Comment expliquer un tel succès de collecte ? 
.Pourquoi des produits destinés au retail ont-ils conquis les investisseurs institutionnels ? 
.Quelle place faut-il accorder aux fonds thématiques dans un portefeuille ? 
.Remplacent-ils complètement la poche actions ? 
.Les thématiques étant plutôt orientées croissance, comment construire un fonds thématique qui résiste aux différents cycles de marché ?

De gauche à droite :

  • Caroline Lamy, responsable de la gestion actions, Crédit Mutuel AM
  • Stéphane Lago, spécialiste des investissements actions, AXA IM
  • Nathalie Pelras, directrice générale, Fourpoints IM
  • Doris Santillana, directrice de la distribution externe, AllianzGI
  • Thierry Rigaudière, responsable de la gestion thématique et midcaps, Rothschild & Co Asset Management Europe
  • Thomas Page Lecuyer, spécialiste investissements Climat & ESG, Ofi Invest Asset Management

Depuis quelques années, il y a un réel engouement pour les fonds thématiques, avec une accélération de l’offre qui a trouvé pas mal d’écho auprès des clients. Comment expliquer ce succès ?

Thierry Rigaudière : Deux éléments caractérisent cette gestion thématique. D’une part, elle est différenciante par sa nature vis-à-vis de la gestion traditionnelle. Et surtout, elle est lisible pour le client, contrairement à d’autres catégories de fonds actions. Dans le passé avant l’émergence de l’approche thématique, les fonds plus géographiques pouvaient être gérés de façon très différente, être très cycliques, très « techno » ou très exposés aux valeurs défensives… La gestion thématique permet de définir un univers d’investissement et donc d’être beaucoup plus différencié pour le client qui a une très grande palette de choix entre les différentes offres thématiques. Le client sait ce qu’il achète, donc pour lui c’est lisible. Il n’achète pas un fonds investi dans les valeurs du CAC 40 ou un fonds d’actions européennes mais il achète une thématique qui lui a été vendue comme telle.

Nathalie Pelras : La gestion thématique ne se serait pas autant développée si, à l’origine, elle n’avait pas été centrée sur l’ESG. Les gestions thématiques avaient au départ une composante ISR qui les différenciait des gestions sectorielles (très spécifiques et concentrées, donc avec des biais). La gestion thématique ISR permettait au contraire de diversifier les portefeuilles en élargissant l’univers sectoriel, tout en intégrant une approche responsable des investissements. Un second phénomène a favorisé l’essor de la gestion thématique depuis quatre ans : l’explosion de l’offre ! En effet, le marché s’est développé grâce à la multiplication par quatre du nombre de fonds ou ETF thématiques (aujourd’hui plus de 2 000 fonds ont des approches thématiques) ! Enfin, progressivement, les investisseurs institutionnels se sont aussi intéressés à cette gestion plutôt conçue à l’origine pour des clients particuliers car elle est très lisible. Il est facile d’expliquer une thématique à un client, de susciter son adhésion et de le fidéliser. L’investisseur institutionnel avait plutôt tendance à choisir des styles ou des processus de gestion mais les offres des différentes sociétés de gestion ont fini par se ressembler. La gestion thématique a alors apporté de la nouveauté et la possibilité de construire des allocations différentes.

Caroline Lamy : Pendant dix ans, le marché a eu conscience de la bonne performance des valeurs de croissance et de l’essor des fonds de style, qui ont su mettre en avant des tendances de long terme comme soutiens à la croissance future. Une fois identifiées, ces tendances de long terme (vieillissement de la population, digitalisation de l’économie, innovation, etc.) ont permis de construire des fonds thématiques. Les thématiques sont faciles à identifier du point de vue de l’univers de gestion investissable mais aussi à expliquer, à comprendre et à assimiler. Cela a permis aussi de ne pas rester contraint par des indices généralistes. Dans le développement de cette gestion thématique, il y a donc des critères financiers au départ, une visibilité sur les grands thèmes et puis, dans un second temps, une convergence entre les aspects financiers et extra-financiers à travers des thématiques extra-financières lisibles comme le climat.

Doris Santillana : Si on se met à la place du client final, il y a aussi derrière les thématiques, en majorité orientées croissance mais pas toutes, une envie d’identification, une complémentarité entre ce qu’on est en tant qu’individu et les investissements réalisés. Un fonds thématique peut refléter des convictions personnelles et des goûts. Les clients ont des affinités avec certaines de nos thématiques comme le bien-être animal, le sport ou les enjeux liés à l’eau. Il y a peut-être, également, une notion de gratification dans l’impact que peuvent avoir ces investissements.

Par ailleurs, la clarté d’explication de ces fonds aide à la commercialisation. Pour l’intermédiaire financier, c’est un moyen de mieux connaître son client, au-delà des exigences de MIFiD.

Nathalie Pelras : Quand un client veut investir dans une thématique, ce n’est pas la performance que l’on met en avant mais bien le thème choisi. C’est très différent d’une gestion indicielle ou d’un fonds exposé à une région pour en jouer le potentiel de croissance (par exemple fonds pays émergents). Certes, la performance est importante mais c’est un critère qui vient souvent après l’intérêt pour la thématique à laquelle le client adhère. La preuve : certains fonds thématiques ont enregistré des collectes très importantes sans avoir de track record, uniquement parce que la thématique plaît.

Thomas Page-Lecuyer : Il y a dix ans environ, il y avait énormément de fonds actions traditionnels dans les allocations. Au fur et à mesure du temps, les investisseurs ont cherché des vecteurs de performance supplémentaires et des fonds avec des profils rendement-risque différents. Les professionnels ont donc mené une quête de performance et ont abouti à l’identification de thèmes susceptibles de générer de la croissance à long terme, en lien avec des mégatendances, ces évolutions structurelles qui transforment le monde.

L’histoire est belle, d’autant qu’elle permet un storytelling beaucoup plus évocateur pour les clients. Avec l’offre pléthorique sur le marché, le particulier a du mal à se repérer, mais lorsqu’il y a un effort de pédagogie sur la manière dont le gérant oriente ses décisions de gestion et en plus, s’il s’agit d’un investissement sur une thématique qui lui tient à cœur ou qui lui parle, alors c’est tout de suite couronné de succès.

Stéphane Lago : La tangibilité et la simplification caractérisent bien la gestion thématique. Longtemps, la gestion d’actifs a fait l’erreur de créer des produits financiers dont les clients finaux ne comprenaient pas forcément les moteurs de croissance derrière la performance. La gestion thématique permet au client de s’identifier au fonds choisi. La performance reste quand même un élément important. Ces cinq dernières années ont été favorables à ces fonds orientés croissance.

Les investisseurs finaux s’identifient à la thématique mais aussi à la perspective d’un investissement de long terme. En comprenant les moteurs de croissance de ces thématiques tels que les évolutions technologiques ou les changements démographiques par exemple, ils restent investis sur différents cycles de marché. Les marchés ne sont pas un long fleuve tranquille, il y a toujours des épisodes de volatilité mais les clients investis dans des fonds sur les thèmes de l’automatisation, de la consommation connectée ou de la transition énergétique savent très bien que ces tendances vont influencer notre société sur la prochaine décennie. Si le gérant parvient à identifier des grands vainqueurs sur ces thématiques, grâce à une gestion active, les rendements peuvent être supérieurs au reste du marché.

«Un univers d’investissement thématique se doit de permettre au gérant d’avoir la capacité d’arbitrer. L’univers sera par nature multisectoriel, avec des biais parfois marqués.»

Caroline Lamy Responsable de la gestion actions ,  Crédit Mutuel AM

La gestion thématique a-t-elle ainsi réconcilié les clients avec la classe d’actifs actions ?

Thomas Page-Lecuyer : C’est en tout cas l’ambition des professionnels. Cette nouvelle offre thématique est venue pour réconcilier les clients avec la classe d’actifs. Trop nombreuses étaient les thématiques de court terme, et trop souvent décevants étaient les fonds actions traditionnels ; les clients se sont donc mis en quête d’une offre qui donne du sens à l’investissement, avec une vue long terme. Quoi de mieux qu’un thème, et a fortiori un fonds construit dès l’origine dans une optique de plus grande stabilité, en misant sur les mégatendances, capables ainsi d’apporter beaucoup de valeur dans les décennies suivantes. Au regard des flux, la réconciliation a lieu.

Stéphane Lago : Les fonds thématiques sont des fonds actions sur lesquels les clients restent investis plus longtemps. Pour preuve : les flux sortants sur ces fonds thématiques ont été limités pendant la pandémie.

Doris Santillana : La gestion thématique est effectivement essentiellement investie en actions mais on assiste de plus en plus à l’émergence de thématiques dans de la dette ou pour des fonds multi-actifs. Le fonds Allianz Global Intelligent Cities est un fonds thématique multi-classes d’actifs. Le green bond en tant que tel pourrait être considéré aussi comme thématique, étant intimement lié à des enjeux environnementaux. Le développement de la gestion thématique va passer par l’élargissement des classes d’actifs qu’elle recouvre, même si c’est un peu plus compliqué à mettre en œuvre pour la gestion.

Stéphane Lago : Oui, en effet, c’est une évolution après celle que la gestion thématique a connue avec l’élargissement de sa cible d’investisseurs, des banques privées et des sélectionneurs de fonds qui ont acheté des fonds thématiques actions vers les institutionnels. La gestion obligataire, les obligations vertes ou les obligations sociales peuvent également être intégrés à la gestion thématique, ainsi que des produits multi-assets thématiques. Axa IM a lancé une stratégie multi-asset à impact sur les thématiques environnementales et sociales investie aussi bien en actions qu’en obligations. Le développement de cette offre en est à ses prémices mais c’est la même tendance que nous avons constatée avec le passage du retail aux institutionnels, avec une vraie accélération, depuis trois ans, de la part du segment institutionnel pour allouer les actifs de façon un peu plus structurelle sur les thématiques.

Caroline Lamy : Cette tendance est aussi orientée par la réglementation qui pousse à aller vers une offre un peu plus documentée même si, sur la partie impact, il est difficile d’avoir des outils de mesure et des indicateurs performants. Les actions permettent, dans une approche extra-financière engagée, d’intégrer la notion de trajectoire. Ce qui est intéressant et prometteur, c’est de donner du sens à l’investissement (avec une thématique claire) et de rallonger l’horizon d’investissement en mettant en adéquation le thème et les objectifs extra-financiers. La gestion de stock-picking se renforce dans l’échange et l’engagement avec les entreprises que nous rencontrons régulièrement, pour valider le cas d’investissement et son adéquation avec la thématique.

Thierry Rigaudière : Les fonds thématiques ont plutôt surperformé. La décennie écoulée a été favorable aux valeurs de croissance et même si tous ces fonds ne sont pas strictement croissance, ils ont quand même un biais. Par ailleurs, la gestion thématique permet de se déconnecter de la performance des indices. Quand on parle d’un fonds sur le changement climatique ou sur les nouvelles tendances de consommation, on ne le compare pas au S&P 500 ou au CAC 40. Le client n’ayant pas ce point de comparaison en termes de mesure de performance, il va avoir un horizon plus long, une fidélité à la thématique alors qu’il n’hésitera pas à vendre son fonds actions françaises s’il fait moins bien que le CAC 40. La gestion thématique permet de s’affranchir de la comparaison instantanée aux indices.

Stéphane Lago : Et cet affranchissement est un vrai bénéfice pour la gestion active qui domine clairement l’investissement thématique et ce, pour différentes raisons dont la possibilité d’identifier des univers d’investissement et d’intégrer des facteurs ESG.

«Auparavant, la gestion était trop géographique et cloisonnée. La gestion thématique a permis de dépasser cette approche et de sortir du clivage traditionnel core/satellite. »

Thierry Rigaudière Responsable de la gestion thématique et midcaps ,  Rothschild & Co Asset Management Europe

Il existe pourtant des ETF thématiques  et certains sont également ESG…

Thierry Rigaudière : La gestion active a donné naissance aux fonds thématiques, la gestion passive se contentant ensuite de répliquer l’offre existante parce qu’elle avait du succès. Pour les gérants actifs, la gestion thématique est un espace d’expression de la gestion de conviction qu’ils n’avaient plus nécessairement dans des fonds généralistes pour lesquels, sur longue période, la performance n’est pas régulière. Nous l’avons encore constaté l’an dernier aux Etats-Unis, où 80 % des gérants actifs ont été battus par l’indice. Au-delà de l’adhésion des clients, la gestion thématique a aussi suscité l’adhésion des gérants actifs en tant qu’individus, en leur permettant de retrouver un espace de liberté et ainsi d’exprimer leurs choix de gestion.

Nathalie Pelras : Dans la multigestion, nous utilisons des gestions actives et des ETF. Ces derniers sont devenus intelligents avec le temps mais il est impossible aujourd’hui à un ETF de répliquer une gestion thématique. Les ETF sont sectoriels et « statiques » alors qu’un fonds thématique est multisectoriel et évolutif. On peut concevoir un ETF sur la transition énergétique mais il sera exposé aux producteurs d’éoliennes, de panneaux solaires, etc. Au final, on se retrouve avec un investissement sectoriel. Un ETF ne peut pas faire preuve d’opportunisme, ni répliquer un processus de gestion.

La gestion thématique peut être utilisatrice d’ETF, pour s’exposer à un secteur par exemple. Chaque fonds thématique est particulier selon la définition que le gérant donne à la thématique et l’univers d’investissement qu’il a construit. Aujourd’hui, la gestion thématique est le Graal de la gestion active !

«Par définition, un fonds à impact est souvent un fonds thématique, ou multi-thématiques. Mais le contraire n’est pas vrai, de nombreuses thématiques ne font pas d’impact, beaucoup d’entre elles sont liées aux mégatendances de long terme même. »

Thomas Page Lecuyer Spécialiste investissements Climat & ESG ,  Ofi Invest Asset Management

Dans sa construction, l’univers d’investissement d’un fonds thématique doit-il être multisectoriel ?

Nathalie Pelras : Une thématique est par définition multisectorielle mais le nombre de secteurs qui la composent dépend du thème. Une thématique sur le bien-être va rassembler plusieurs secteurs de consommation, d’activités liées au sport, à la santé, etc. Dans une thématique liée à la santé, il y aura moins de secteurs mais cela reste une thématique qui englobe les laboratoires pharmaceutiques, la medtech, les biotechs, les sociétés de diagnostic, etc., donc des sociétés avec des profils très différents.

Chaque société de gestion peut avoir sa définition de la gestion thématique. Certaines gestions thématiques peuvent avoir des biais sectoriels ou des biais de style. Plus vous investissez dans une thématique innovante, plus vous allez avoir des valeurs de croissance. Plus la thématique est cyclique, positivement corrélée à l’inflation, plus elle comportera de sociétés traditionnelles.

Stéphane Lago : Chez AXA IM, nous privilégions les thématiques structurelles, c’est-à-dire celles qui vont influencer notre société sur les dix prochaines années. Et elles sont, par définition, multisectorielles. Cette caractéristique permet à ses fonds de naviguer dans les différents cycles de marché. Le problème d’un fonds sectoriel est qu’il est extrêmement corrélé à un secteur ou une industrie. A l’inverse, une stratégie sur la robotique par exemple permet d’avoir une exposition à l’industrie, à la santé avec la robotique chirurgicale, aux transports avec la voiture autonome, donc à plusieurs secteurs et marchés géographiques : par exemple le Japon est très présent dans la robotique industrielle, mais les Etats-Unis dominent dans le domaine de la robotique chirurgicale.

Doris Santillana : Pour aller dans le sens de ce qui vient d’être dit, je prendrai l’exemple du fonds d’intelligence artificielle que nous gérons chez AllianzGI. On pourrait imaginer que c’est un fonds tourné essentiellement vers le secteur de l’IT mais 50 % du portefeuille concerne des entreprises dans différents secteurs qui vont bénéficier de cette innovation. Le fonds est ainsi plus diversifié que ce que l’on pourrait penser de prime abord.

Thierry Rigaudière : A l’origine, la gestion sectorielle était une forme d’embryon de la gestion thématique. On en a vu les limites, en particulier parce qu’elle pouvait être facilement répliquée de façon indicielle. Par la suite, les gérants ont compris l’intérêt d’envisager les secteurs de façon transversale. Cependant, une gestion multisectorielle ne veut pas dire que l’on regarde tous les secteurs concernés dans leur intégralité. Le gérant thématique va considérer la partie du secteur en lien avec la thématique.

Prenons l’exemple de la thématique sur le vieillissement de la population : l’univers d’investissement va être très différencié d’un fonds à l’autre. Dans notre cas, le fonds R-co Thematic Silver Plus est investi dans des valeurs financières car les seniors utilisent des produits financiers. Pour autant, nous n’allons pas investir dans toutes les valeurs financières, ni le faire de façon opportuniste parce que le momentum est favorable à ce secteur. Nous achetons des titres d’assureurs ou de gestionnaires d’actifs mais pas de banques généralistes.

Caroline Lamy : En synthèse, un univers d’investissement thématique se doit de permettre au gérant d’avoir la capacité d’arbitrer. L’univers sera par nature multi-sectoriel, avec des biais parfois marqués (un fonds grandes marques comme CM AM Global Leaders aura un biais consommation, mais on retrouve des leaders potentiellement dans tous les secteurs). Sinon, on se retrouve à faire la promotion d’un fonds sectoriel, que certains peuvent qualifier de thématique.

Thomas Page-Lecuyer : Ce qui est intéressant avec les fonds thématiques, c’est qu’il n’existe pas qu’une seule recette. Le plus facile, c’est de créer des fonds purs, à partir de critères très précis en termes de chiffre d’affaires ou d’exposition à une thématique donnée. Cela va aboutir à des fonds très concentrés et très spécifiques. C’est simple et c’est rapide, d’où l’émergence de nombreux ETF thématiques. Dans ce cas, on a très peu de secteurs, voire un seul et unique, et le fonds est à la merci de la cyclicité des marchés et de la « mode » de l’investissement. Mais il existe d’autres approches, d’autres recettes. On peut aussi faire des fonds plus larges en impliquant davantage de secteurs d’activité pour avoir beaucoup plus de sociétés et moins de biais sectoriels. Nous pensons que les mégatendances peuvent apporter de la valeur ajoutée à tout le monde et à tous les secteurs mais il faut réussir à identifier comment cela s’inscrit dans chacun d’entre eux. De cette manière, on peut offrir des fonds thématiques multisectoriels qui s’emparent largement du thème, et qui peuvent se montrer plus flexibles dans le temps.

«La gestion thématique repose sur l’idée que le choix d’un thème permet d’obtenir une performance normalement supérieure à l’univers d’investissement ou à un indice classique parce qu’il s’inscrit dans une mega tendance porteuse de croissance.»

Doris Santillana Directrice de la distribution externe ,  AllianzGI

Les différences de construction d’univers d’investissement rendent difficiles la comparaison entre des fonds investis dans une même thématique…

Caroline Lamy : En matière de comparabilité, il existe des labels qui permettent de fixer un peu plus les règles et de donner une grille de lecture, comme le label Greenfin qui concerne principalement des fonds obligataires mais qui peut s’appliquer à des fonds actions. Seuls une dizaine de fonds actions ont été labellisés, dont CM AM Global Climate Change. C’est un des labels les plus stricts, listant les activités qui entrent dans le champ de la transition énergétique et écologique et de la lutte contre le changement climatique. Il y a certes des débats sur l’utilisation des labels mais ils permettent de donner une grille de lecture. Et l’AMF est de plus en plus vigilante sur la communication qui est faite par le fonds, pour que les investisseurs puissent comparer les fonds entre eux. La définition des univers d’investissement est devenue un vrai sujet.

Par ailleurs, je suis d’accord sur le fait que les fonds thématiques permettent d’avoir un large éventail de possibles en termes sectoriels. Nous avons complété notre offre de fonds de style croissance ou value voire sectoriels par des fonds thématiques, qui peuvent être soit globaux soit européens avec une dimension petites et moyennes valeurs, qui permettent d’investir dans des acteurs purs d’une thématique. En fait, l’important est de bien définir ce qu’on recherche au départ. La thématique est une façon de filtrer l’univers des possibles. Et ensuite, le gérant met en place des critères à la fois financiers, extra-financiers et qualitatifs pour construire un portefeuille. Les fonds thématiques arrivent aujourd’hui à une certaine maturité, à laquelle l’extra-financier apporte une structure supplémentaire.

Thomas Page-Lecuyer : En termes de thématiques pures, il existe autant de recettes que de sociétés de gestion. Les fonds sont donc en effet difficiles à comparer, à moins de regarder les similitudes des constructions d’univers d’investissements. En revanche, pour ce qui est des thématiques durables, les labels, les autorités de régulation, et les réglementations récentes, notamment SFDR, contraignent de plus en plus la définition des univers d’investissement, ils sont de fait plus facilement comparables.

Nathalie Pelras : Une même thématique peut être gérée avec des processus différents, ce qui donne des fonds avec des portefeuilles et des performances différentes même s’ils ont le même univers géographique. La pureté de la thématique se juge par rapport à l’adéquation entre l’objectif de gestion et la réalité de cette gestion.

Avec l’accroissement du nombre de fonds thématiques disponibles, on retrouve une grande hétérogénéité dans la qualité de ces fonds. Dans certains cas, il faut vraiment être très sélectif car le lien entre la thématique et les valeurs en portefeuille est loin d’être évident. Il doit y avoir une logique entre le nom de la thématique, la construction du portefeuille et l’objectif de gestion.

Doris Santillana : Il est vrai que l’on peut constater que certains gérants sortent du cadre pour choisir des valeurs parce qu’ils estiment, à un moment donné, qu’il y a une opportunité de marché à un moment donné même si ce n’est pas complètement dans le thème. Nous pensons que cela ne sert pas la gestion thématique qui se doit d’être le plus pure possible selon nous. Par ailleurs, des fonds thématiques peuvent avoir d’excellentes performances ou inversement de très mauvaises sans que ça donne une explication sur le comportement de fonds concurrents investis dans la même thématique.

«Le gérant doit prendre le temps de définir une thématique de croissance de long terme, de bien l’analyser, de regarder la profondeur de marché et s’assurer qu’il y a suffisamment de sociétés sur lesquelles le fonds peut être exposé.»

Stéphane Lago Spécialiste des investissements actions ,  AXA IM

L’explosion de l’offre sur des thématiques diverses et variées fait-elle peser un risque sur les caractéristiques de ces fonds ? Est-ce que tout peut devenir une thématique ? Prenons l’exemple des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU qui insp

Caroline Lamy : Pour rappel, les ODD ont été initialement définis pour répondre, au niveau des Etats, aux défis auxquels nous sommes confrontés tout en protégeant la planète. Il me semble très compliqué de faire un fonds thématique à partir de tous les ODD. En effet, certains ODD sont très généralistes ou ne peuvent être adressés par des investissements en actions cotées. Les sélectionneurs de fonds n’ayant pas de grille de lecture extra-financière uniforme, ils peuvent utiliser ces références, ce qui leur permet de comparer les fonds entre eux. Aujourd’hui, toutes les grandes entreprises communiquent sur leur exposition aux différents ODD, l’information est largement accessible, mais difficilement mesurable.

Stéphane Lago : Les fonds thématiques exposés aux ODD renvoient surtout à la notion d’impact qui ne concernent pas toute la gestion thématique. Les ODD sont une très bonne base mais ils n’ont pas été définis pour la gestion. Ils ne sont pas tous investissables, soit parce qu’ils sont trop « niche », soit parce qu’ils sont trop larges. C’est à la gestion d’avoir ses propres définitions de la thématique. C’est notre métier en tant qu’asset managers de faire de la pédagogie et d’expliquer par exemple que l’ODD n° 16 – paix, justice et des institutions solides – est difficilement transformable en fonds thématique actions. En revanche l’ODD n° 7 garantit « l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable », un thème qui peut offrir des opportunités d’investissement en matière de transition énergétique et pour lequel des sociétés sont bien identifiées. Mais les gérants adressent souvent plusieurs ODD dans un fonds pour avoir une bonne diversification sectorielle. En effet, être investi uniquement dans un fonds adressant l’ODD n° 7 revient à avoir une forte exposition aux énergies renouvelables : c’était très bien en 2020 mais c’était moins payant l’an dernier.

Doris Santillana : Ne perdons pas de vue que le but est de faire de la performance ! Le gérant ne doit pas sacrifier la performance pour répondre uniquement à des ODD. Par ailleurs, un fonds adressant l’ODD sur la paix et la justice est envisageable malgré tout mais rien n’indique qu’il générera de la surperformance sur un cycle de marché. La gestion thématique repose sur l’idée que le choix d’un thème permet d’obtenir une performance normalement supérieure à l’univers d’investissement ou à un indice classique parce qu’il s’inscrit dans une mégatendance porteuse de croissance. C’est aussi une contrainte importante que nous devons expliquer aux clients.

Thomas Page-Lecuyer : Non, je ne pense pas qu’il existe un risque sur les caractéristiques de ces fonds. Au contraire, s’il n’y avait qu’une grille de lecture, le gérant serait trop contraint et le client se lasserait. Beaucoup d’approches, énormément même, peuvent devenir des thématiques, et c’est tout l’intérêt de la chose. Si le gérant crée une approche pertinente, quelle qu’elle soit, et que le client est là, alors tout le monde y gagne. Imaginez, pour les clients, la possibilité de jouer des thématiques de niches sur des smid-caps monosectorielles sur un continent, ou d’aller sur un fonds blend multi-sectoriel et global qui joue sur une mégatendance de long terme ! On peut choisir son approche, son profil rendement-risque, son niveau d’aversion au risque, on peut faire son allocation, jouer avec les corrélations, c’est un luxe pour l’investissement. Beaucoup de choses peuvent donc devenir des thématiques, et c’est tant mieux !

«Il faut vraiment être très sélectif car le lien entre la thématique et les valeurs en portefeuille est loin d’être évident. Il doit y avoir une logique entre le nom de la thématique, la construction du portefeuille et l’objectif de gestion. »

Nathalie Pelras Directrice générale ,  Fourpoints IM

Le lancement de nombreux fonds sur une même thématique ne pose-t-il pas le problème de la concentration des flux sur un nombre restreint de valeurs ?

Stéphane Lago : Le gérant doit prendre le temps de définir une thématique de croissance de long terme, de bien l’analyser, de regarder la profondeur de marché et de s’assurer qu’il y a suffisamment de sociétés sur lesquelles le fonds peut être exposé sans pour autant investir dans toutes les sociétés concernées par la thématique. Selon nous, il faut un minimum de 150 sociétés pour construire un portefeuille diversifié d’une cinquantaine de sociétés. Ce n’est pas parce qu’il sélectionne une société exposée à la thématique qu’elle va mieux se comporter que le reste du marché. Le gérant va essayer de détecter les sociétés qui seront les leaders de demain dans cette thématique.

Caroline Lamy : Le gérant doit pouvoir faire des arbitrages à l’intérieur des différentes poches qui composent son univers d’investissement. Il doit pouvoir avoir une gestion active du portefeuille.

Thierry Rigaudière : La question clé est de savoir si le gérant thématique peut faire des arbitrages dans le portefeuille. Si l’univers d’investissement est trop étroit, le gérant ne pourra pas sortir d’une valeur ou d’une tendance trop à la mode à un moment donné. A l’inverse, si cet univers est suffisamment large, le gérant pourra arbitrer si certains titres deviennent trop chers parce que trop à la mode.

Thomas Page-Lecuyer : Oui, vous avez raison, c’est un sujet, le poids des fonds thématiques sur ces titres pourrait devenir problématique car il pourrait générer un risque d’influencer les cours et d’impacter la liquidité. C’est tout l’intérêt d’afficher une autre grille de lecture sur la même thématique, de la voir sous un autre prisme, et d’investir sur d’autres titres concernés. Encore une fois, la multitude des approches thématiques renforce l’offre.

En synthèse, un investisseur qui s’intéresse à un fonds thématique doit regarder l’univers d’investissement, le nombre de sociétés qui le composent et la possibilité pour le gérant de faire des arbitrages entre différents secteurs ou sous-thèmes. C’est bien ça ?

Thierry Rigaudière : En effet, il ne faut pas biaiser la thématique en sélectionnant des valeurs qui sont à la limite de l’univers d’investissement. La notion de taille de capitalisation boursière est aussi importante, un fonds thématique doit être multi-capitalisation et donc être investi dans des midcaps quand la thématique le permet. Si une thématique a beaucoup de succès et que l’univers n’est pas assez large, il y a un risque en effet de n’être exposé qu’à quelques grands titres parce que les futures stars sont trop petites et ne sont pas investissables. Les titres cotés ne sont pas suffisants pour satisfaire le besoin de fonds thématiques.

Doris Santillana : Pouvoir investir dans des small caps en lien avec une thématique permet également de se différencier des ETF thématiques. C’est un atout pour le gérant actif de pouvoir financer des sociétés qui émergent, de petite taille, qui peuvent devenir des leaders.

Stéphane Lago : C’est en effet un des deux critères différenciants car les gestions passives peuvent difficilement investir dans des petites et moyennes capitalisations boursières pour des raisons de liquidité. Le deuxième critère concerne l’ESG : pour la gestion passive, il sera plus compliqué de faire des produits classés article 8 ou 9 SFDR ou pouvant obtenir le label ISR.

Nathalie Pelras : Dans notre fonds de fonds Fourpoints Thematic Selection, axé sur le bien-être de l’homme et la préservation de la planète, nous avons constaté que le nombre de titres en commun entre des fonds investis dans une même thématique n’excède pas 20 % à 30 %. Par exemple, dans le thème de la transition énergétique, certains fonds sont très exposés au secteur des semi-conducteurs et d’autres pas du tout. Certains sont gérés avec une approche plus-value et vont avoir beaucoup d’utilities en portefeuille pour jouer le sous-thème des énergies propres. Pour les fonds avec une forte composante innovation, la proportion de midcaps dans le portefeuille sera plus importante mais sans pour autant que cela ne pose de problème de liquidité car les thématiques ont généralement une approche internationale.

Thomas Page-Lecuyer : Oui en effet. Ce n’est pas facile pour les clients, mais c’est pourquoi le storytelling est primordial. Lorsqu’on présente un fonds thématique, il faut expliquer l’approche utilisée pour s’emparer du thème. Il faut expliquer finement les implications en termes d’indicateurs de risque et d’espérance de rendement. Il faut faire un véritable effort de pédagogie.

Existe-t-il une convergence entre les fonds thématiques et fonds à impact ?

Thomas Page-Lecuyer : A mon sens non. Par définition, un fonds à impact est souvent un fonds thématique, ou multithématique. Mais le contraire n’est pas vrai, de nombreuses thématiques ne font pas d’impact, beaucoup d’entre elles sont liées aux mégatendances de long terme même. On peut même sélectionner une thématique durable sans pour autant faire de l’impact. C’est d’autant plus vrai avec SFDR et les classifications des fonds en articles. Les fonds à impact devront nécessairement être classés article 9, avec des contraintes très fortes en termes de gestion. On s’attend à voir de nombreuses thématiques ne pas être référencées article 9 pour conserver de la liberté de gestion. Il y a de la place pour toutes les approches.

Caroline Lamy : Nous avons une réflexion en interne sur la façon d’adresser les sujets d’impact. Nous avons un fonds CM AM Global Climate Change, labellisé Greenfin, dont c’est vraiment le filtre initial. Notre gamme compte d’autres fonds classés article 9, dont un sur le thème de l’emploi (CM AM Emploi France). Sans parler d’impact, nous nous attachons à suivre une somme de critères tels que la création d’emploi, la sécurité, la formation ou l’inclusion. Nous considérons en effet avoir encore relativement peu d’éléments pour mesurer de manière qualitative l’impact. Nous réfléchissons donc à la meilleure manière de le matérialiser et d’interagir avec les entreprises.

Doris Santillana : Nous sommes extrêmement prudents sur la notion d’impact associée aux produits article 9 de la réglementation SFDR. L’impact doit être réellement mesurable. AllianzGI propose une large gamme de thématiques liées à des ODD, composée de fonds qui en ciblent plusieurs. Il est normal que les ODD soient forcément assimilés à l’impact mais nous sommes plutôt à la recherche de pureté dans les thématiques. Si cette pureté s’exprime avec un impact parce qu’il y a une raison d’être, c’est un plus.

La gestion travaille actuellement sur le lancement de nouvelles stratégies à impact, sur l’aspect social notamment, aussi bien en actions qu’en obligations. Nous pouvons avoir une influence assez rapide sur les entreprises.

Caroline Lamy : La taxonomie sociale n’est pas attendue avant 2024 ! C’est donc compliqué de s’engager aujourd’hui sur des données précises. Je rejoins complètement la prudence évoquée pour lancer et commercialiser des produits ayant un impact social, ce qui n’empêche pas la réflexion. C’est ce que nous avons commencé à appréhender sur un fonds comme CM AM Emploi France.

Stéphane Lago : L’impact social est, en effet, plus difficile à mettre en œuvre, notamment au niveau de la pureté. AXA IM a lancé une stratégie de progrès social à laquelle nous avons alloué des ressources importantes et des analystes d’impact dédiés. Chaque société est analysée en fonction de cinq critères d’impact. AXA IM est membre du GIIN (Global Impact Investing Network), une structure qui aide à définir les standards de l’investissement à impact pour les actions cotées. L’objectif est double pour nos fonds impact article 9 : obtenir un rendement financier tout en ayant un impact positif et mesurable sur notre société.

Thierry Rigaudière : Chez Rothschild & Co, nous avons transformé un fonds thématique axé sur le social en fonds à impact, R-co 4Change Inclusion & Handicap. Nous nous sommes fixé des objectifs plus exigeants, plus qualitatifs, avec un horizon de temps mais aussi avec des frais de gestion reversés à l’association Café Joyeux. Rien n’est figé, certains fonds thématiques restent dans leur voie et d’autres évoluent d’une thématique perçue comme trop large à une stratégie à impact. C’est une autre façon de proposer un fonds à impact, qui favorise l’adhésion des clients privés. Il n’y a pas de frontière infranchissable entre la gestion thématique et la gestion à impact. Et peut-être effectivement qu’à terme, quand le cadre sera mieux défini, les deux convergeront.

Nathalie Pelras : Les fonds à thématiques peuvent intégrer une approche d’impact dès lors que cet impact est mesurable. C’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup sont des fonds « climats » pour lesquels la mesure de l’impact environnemental est plus aisée. Les fonds à impact social positif ont l’avantage d’être multisectoriels mais l’impact est plus difficile à mesurer. Il faut aussi savoir où placer le curseur : au niveau des salariés, des clients, des fournisseurs choisis. Comment mesurer tout cela ? Où trouver les ressources, les données ? L’analyse est centrale et doit être faite en profondeur. Ce qui renforce la gestion de stock picking.

Dans tous les cas les fonds d’impact investissent dans des sociétés qui contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies. Les thématiques d’impact recouvrent la nutrition, la santé, les énergies renouvelables, l’innovation technologique…. Les 2 approches se rejoignent donc et le « positif impact » peut être considéré comme un thématique d’investissement.

Caroline Lamy : Pour bien faire, il faut prendre en compte les différences culturelles et régionales. Le problème de la diversité, par exemple, n’est pas appréhendé de la même façon selon qu’on se trouve au Japon, aux Etats-Unis ou en France !

Quelle place faut-il accorder aux fonds thématiques dans une allocation ? Ces fonds sont-ils devenus « cœur » dans les portefeuilles des clients, ou complètent-ils une poche actions plus traditionnelle ?

Stéphane Lago : Il y a quelques années, les clients ont commencé à créer une poche forte croissance dans laquelle on trouvait les fonds thématiques. Petit à petit, cette gestion thématique est devenue plus centrale pour les investisseurs ayant un horizon d’investissement de cinq ans et plus. L’exposition sur les thématiques est ainsi devenue cœur de portefeuille.

Thomas Page-Lecuyer : C’est une excellente question. Historiquement, le fonds thématique est un fonds de niche qu’on place en satellite dans une allocation. Mais la clientèle étant souvent déçue des performances des approches « cœur », cela a poussé les gérants à réfléchir à la notion de cœur de portefeuille. Alors certains ont poussé l’idée jusqu’à construire des thématiques très larges avec des perspectives de long terme excellentes pour les placer au centre de l’allocation, avec une optique de plus grande stabilité. Les exemples sont nombreux : le vieillissement de la population, la digitalisation et la technologie, etc.

Encore une fois, c’est très positif que l’offre soit diversifiée, tout client peut y trouver son compte, son fonds niche à mettre en satellite ou son fonds thématique de long terme à placer en cœur de portefeuille. Il faut de tout, et il n’y a pas de règle établie à l’allocation.

Thierry Rigaudière : Le succès de la gestion thématique et ses performances ont en effet fait évoluer le positionnement de ces fonds. Auparavant, la gestion était trop géographique et cloisonnée. La gestion thématique a permis de dépasser cette approche et de sortir du clivage traditionnel core/satellite. Plus la clientèle est sophistiquée et prête à accepter du risque, plus la part thématique et ESG progresse. Et c’est encore plus vrai pour les clients les plus jeunes, qui assument aussi d’arbitrer une partie de la performance, pour privilégier cette gestion. Certaines thématiques leur parlent aussi plus facilement que la gestion traditionnelle.

Doris Santillana : Ce qui fait la différence entre une poche qui serait cœur ou satellite sur la thématique, c’est la pluralité des secteurs. Des thématiques investies sur trois ou quatre secteurs comme notre fonds sur le bien-être animal ne peuvent pas être perçues comme un investissement cœur. C’est un investissement satellite qui réagit d’ailleurs différemment des grandes tendances des marchés. Quand la thématique est plus large et que l’on y retrouve tous les segments possibles de l’industrie et de l’économie, comme cela peut être le cas pour un fonds multithématique comme notre fonds Thematica, elle peut en effet être mise en cœur de portefeuille.

Caroline Lamy : Nous manquons encore un peu de recul sur certaines thématiques. Sur les actions, il est important d’avoir un historique de performance pour pouvoir apprécier le comportement de certains fonds dans les différents cycles de marché. La majorité des thématiques ont un biais croissance très marqué et nous sortons d’un cycle long favorable à ce style de gestion. Finalement, la partie cœur de portefeuille est peut-être axée sur la croissance et la value et la partie du satellite sur des thématiques. La gestion thématique est très prometteuse mais c’est le stock picking qui fera la différence in fine.

Nathalie Pelras : A côté de nos mandats traditionnels, équilibrés ou dynamiques, et de notre fonds de fonds thématique sur le bien-être de l’homme et de la planète, nous avons construit un mandat multithématique pour répondre à une demande des clients. Contrairement à nos autres mandats dont l’exposition aux actions peut varier, ce mandat multithématique est structurellement investi à 100 % mais avec une grande diversité. Si le cœur de ce mandat tourne autour des thématiques de croissance structurelle comme par exemple la transition énergétique ou la sécurité, une partie plus opportuniste privilégie des choix conjoncturels. Ainsi, depuis fin 2021, nous sommes revenus sur des thématiques plus cycliques comme les financières ou plus défensives comme la thématique multisectorielle du rendement.

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