Le potentiel de création de valeur des données informatiques dans tous les secteurs d’activité n’est plus à prouver. Pour autant, la thématique du big data n’est pas à l’abri des turbulences que connaissent actuellement les marchés financiers. Une véritable opportunité aux yeux de Jacques-Aurélien Marcireau, le gérant principal du fonds Edmond de Rothschild Fund Big Data, à la condition expresse d’investir de manière disciplinée, avec le plus grand discernement.

Quel regard portez-vous sur l’environnement actuel ?
Avec une performance de 7,4 % depuis le 1er janvier1, le fonds Edmond de Rothschild Fund Big Data s’est plutôt bien comporté depuis le début de l’année 2023.
Pour autant, nous n’excluons pas que la thématique subisse une correction en Bourse à court terme. De fait, l’accès aux financements s’est dégradé pour l’écosystème technologique du fait de la faillite de la Silicon Valley Bank, qui était un acteur très volontariste du financement des start-up du secteur des nouvelles technologies.
Nous vivons actuellement une période charnière pour ce secteur. Ce moment « darwinien » pourrait déboucher sur la disparition d’un certain nombre d’entreprises, car toutes ne seront pas capables de faire face à ces turbulences. Rappelons que 30 % des entreprises technologiques cotées en Bourse outre-Atlantique ne sont pas rentables, la proportion étant encore plus élevée dans le non-coté.
C’est dans ces moments-là que la gestion active, reposant sur un stock picking méticuleux, prend tout son sens. Notre stratégie apporte de ce point de vue une véritable valeur ajoutée. Notre approche a un caractère transversal, le portefeuille étant construit autour de trois axes thématiques : les infrastructures, qui regroupent les entreprises impliquées dans la collecte et le stockage des données ; les data analytics, qui correspondent aux éditeurs de logiciels impliqués dans l’analyse et la modélisation des données ; les data users, c’est-à-dire des sociétés plus traditionnelles dans les secteurs de la finance, de la consommation ou encore de l’industrie, qui peuvent acquérir un certain nombre d’avantages stratégiques grâce à l’utilisation de la donnée. Aussi, notre équipe de gestion s’appuie sur l’ensemble des experts actions sectoriels et régionaux de la maison pour réaliser son stock picking, ce qui lui permet d’avoir une connaissance approfondie des dossiers.
De notre point de vue, les opportunités d’investissement n’ont jamais été aussi importantes, à condition de se concentrer sur les entreprises générant des flux de trésorerie significatifs, affichant des valorisations décentes et proposant des technologies stratégiques.
Vous restez donc convaincus du potentiel de la thématique du big data ?
Entre l’arrivée fracassante du robot conversationnel ChatGPT et la montée en puissance de la generative AI, l’actualité récente témoigne même d’un renforcement du potentiel de la thématique. Les entreprises qui innovent pour avoir les bonnes technologies en matière de big data et celles qui détiennent l’actif stratégique qu’est la donnée disposent de véritables relais de croissance. Notre conviction sur l’opportunité d’investissement que représente la thématique sur le moyen et sur le long terme est donc plus forte que jamais !
Comment pilotez-vous la gestion du fonds dans ce contexte agité ?
Il y a de notre point de vue deux règles indérogeables : il faut investir dans des technologies de qualité, qu’il ne faut jamais surpayer. Il faut en effet garder les pieds sur terre pour investir dans les technologies d’avenir et rester au plus près des fondamentaux. Cette discipline, que nous appliquons depuis le lancement du fonds en 2015, vaut encore plus dans le contexte actuel, caractérisé par un manque de visibilité et par des réactions de plus en plus extrêmes des marchés à court terme. Couplée à la diversification du portefeuille (en matière de secteurs, de zones géographiques, de tailles de capitalisation boursière et de facteurs de style), elle permet en effet d’amortir les chocs lorsque les marchés connaissent des périodes de turbulences.
Précisons par ailleurs que nous avons sur tous les titres en portefeuille – un peu moins de 50 sociétés, deux tiers d’entre elles étant des valeurs technologiques et le tiers restant des data users – une vision et une conviction qui sont totalement indépendantes de l’évolution du contexte macro-économique et géopolitique ou de la politique monétaire des banques centrales, autant de points sur lesquels la visibilité est très limitée. Cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas souffrir en Bourse à court terme, mais leur potentiel reste intact à moyen terme, ce qui correspond à l’horizon d’investissement recommandé du fonds.
Quelles sous-thématiques privilégiez-vous à l’heure actuelle ?
En ce qui concerne les valeurs technologiques, nous avons une conviction marquée sur les éditeurs de logiciels d’aide à la gestion des chaînes d’approvisionnement et logistiques, à hauteur de 7 %. Les entreprises vont de notre point de vue avoir de plus en plus recours à ce type de logiciels, compte tenu des enjeux environnementaux liés à la supply chain et de la complexité croissante de sa gestion dans un contexte de diversification des fournisseurs. De même, nous restons convaincus du potentiel de la thématique de la cybersécurité, à laquelle nous sommes exposés à hauteur de 10 %. Du côté des data users, nous estimons que l’assurance (hors assurance-vie) va créer beaucoup de valeur grâce à la donnée. L’imagerie médicale est également un segment prometteur de ce point de vue.
1. Données au 31/03/2023. Source : Edmond de Rothschild AM. Performance pour la part A-EUR. Les performances et les volatilités passées ne préjugent pas des performances et des volatilités futures et ne sont pas constantes dans le temps. Elles peuvent être indépendamment affectées par l’évolution des taux de change. Performance cumulée du fonds depuis sa création (31/08/2015) : +136,07 %.