Après avoir souffert notamment de l’environnement de taux bas, les banques européennes ont profité de la normalisation de la politique monétaire amorcée durant l’été 2022 pour renouer avec des niveaux de profitabilité record. Malgré les bonnes performances boursières des derniers mois et la mise en œuvre de plans de retour aux actionnaires des plus généreux, le secteur pâtit toujours d’une décote sensible qui s’est accentuée après les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale en France.
Les banques européennes ont-elles fini, enfin, de manger leur pain noir ? Alors que la campagne de publication des résultats du 1er trimestre 2024 vient de s’achever sur un bilan largement positif, comme en témoigne le taux de surprise favorable des revenus annoncés par le secteur de 71 % – le plus élevé, loin devant la moyenne du Stoxx 600, de 45 % –, bon nombre de spécialistes en sont convaincus. « Après une décennie marquée par le déferlement d’une vague réglementaire sans précédent et par l’environnement de taux bas, voire négatifs, qui ont non seulement grevé sa profitabilité mais aussi exacerbé la correction des cours boursiers, le secteur bancaire européen est clairement entré dans une phase de renouveau depuis deux ans », considère Philippe Ferreira, Deputy Head of Economics & Cross-Asset Strategy chez Kepler Cheuvreux. Gérant de fonds chez Edmond de Rothschild Asset Management France, Julien de Saussure considère pour sa part que cette industrie est redevenue solide et très saine.
Des notations bien orientées
Il est vrai que ses fondamentaux se sont considérablement améliorés au fil des ans. C’est le cas, d’abord, en matière de solvabilité. Sous l’effet des ratios imposés par Bâle 3, les fonds propres durs (Core Equity Tier 1, CET 1) des institutions bancaires du continent ont constamment grimpé, au point d’avoisiner dorénavant 15,5 % en moyenne. En 2007, c’était quasiment trois fois moins ! Ensuite, la crise de liquidité qui a frappé les banques régionales américaines début 2023, suivie de la...