Table ronde

Pourquoi investir dans des fonds actions thématiques ?

Publié le 20 novembre 2015 à 10h16    Mis à jour le 20 novembre 2015 à 12h30

Propos recueillis par Catherine Rekik

Les investisseurs ont pris conscience que la prise de risque était nécessaire pour obtenir un meilleur rendement. Néanmoins, certains sont réticents à l’idée d’investir dans les actions et préfèrent revenir sur la classe d’actifs via des grands thèmes d’investissement. Cette catégorie de fonds enregistre d’ailleurs une collecte régulière. Funds s’interroge sur la façon de construire un fonds thématique.

Qu’est-ce qui différencie un fonds thématique d’un fonds sectoriel ?

Vafa Ahmadi, directeur de la gestion actions thématiques, CPR AM : Les fonds thématiques sont des fonds «trans-sectoriels». Ils transcendent l’approche sectorielle et sortent de cette logique. Un secteur peut être porteur durant une certaine période puis ne plus l’être du tout. Penons l’exemple du secteur pharmaceutique qui performe bien depuis 2011. Que se passera-t-il le jour où il y aura un problème de valorisation ou de pression sur les prix ? Le secteur peut fortement corriger. Dans un fonds thématique, le gérant n’est pas prisonnier d’un seul secteur. Il a la capacité d’allouer sur d’autres secteurs qui composent sa thématique d’investissement.

Il y a différentes approches pour définir un thème d’investissement. Chez CPR AM, nous regardons le niveau d’exposition du chiffre d’affaires à une thématique déterminée. Rares sont les sociétés qui réalisent 100 % de leur chiffre d’affaires dans une thématique donnée.

Dès lors qu’une valeur est exposée de façon significative, selon les critères que nous avons définis, elle peut être incluse dans notre univers d’investissement. Cet univers doit par ailleurs être suffisamment large pour donner toute latitude au gérant d’aller sur des secteurs avec des caractéristiques financières différentes. Cependant, il faut faire attention à ne pas répliquer un fonds «global equities».

Marie-Sophie Pastant, responsable adjointe de la gestion indicielle et ETF, THEAM : Un fonds thématique est effectivement un fonds qui recouvre plusieurs secteurs. Prenons l’exemple de la thématique «bas carbone» : tous les secteurs sont concernés. Pour définir son univers d’investissement, il faut s’assurer que l’on dispose des données pour l’ensemble des valeurs. Sur la thématique «bas carbone», nous considérons que les données des sociétés émergentes ne sont pas toujours fiables et parfois difficilement vérifiables. Nous avons donc exclu les marchés émergents du fonds pour nous concentrer sur les marchés sur lesquels les entreprises transmettent des données plus fiables. Dans le cadre d’un fonds indiciel, la liquidité est un critère important pour la constitution du portefeuille. Enfin, il est important de regarder le contexte pour déterminer si la création d’un fonds thématique fait plutôt sens en Europe, en Amérique du Nord ou globalement.

Adeline Salat-Baroux, gérante, EdRAM : Nous avons développé une gamme thématique au sein du segment des actions internationales. L’idée consiste à s’interroger sur les tendances structurelles de long terme qui rendent une thématique attractive. La santé constitue, par exemple, un secteur tellement vaste qu’il en devient un thème d’investissement intéressant. Les tendances structurelles de dépenses s’affichent en croissance, tandis qu’il existe plusieurs sous-segments d’investissement (laboratoires pharmaceutiques, fabricants de génériques, biotechs, services de santé). La santé est un thème porté par l’augmentation des dépenses de santé, la croissance économique des pays émergents mais aussi l’innovation. La croissance structurelle repose sur plusieurs vecteurs intéressants, sur lesquels nous pouvons allouer différemment nos investissements. La thématique «premium sphère» est de son côté portée par une croissance de la richesse mondiale sur le long terme.

Chez Edmond de Rothschild AM, nous essayons de détecter des thèmes qui offrent une croissance structurelle dans l’univers des actions internationales. Nous entendons balayer le plus largement possible, car les marchés sont aujourd’hui globalisés. Il faut pouvoir aller chercher les opportunités là où elles se trouvent.

Jacques-Aurélien Marcireau, gérant, EdRAM : La gestion thématique s’inscrit dans l’évolution de la gestion d’actifs en général, notamment de la gestion active. Il existe aujourd’hui un phénomène de normalisation sur la base des indices. Soit un gérant actif accepte sa classification et estime être capable de faire mieux que son indice de référence, soit il s’affranchit complètement de la contrainte d’un benchmark. Les fonds thématiques sont difficilement comparables entre eux, car ils ne se réfèrent pas à un indice en particulier. C’est sans doute la raison pour laquelle les ETF répliquent des fonds thématiques gérés activement.

Le fonds EdR Fund Global Data est un bon exemple de renversement du cadre de réflexion et de la sortie d’une logique sectorielle. Le secteur technologique impacte de plus en plus les univers traditionnels et les acteurs réagissent différemment. Aujourd’hui, nous pouvons collecter la donnée, la stocker et l’analyser comme jamais auparavant. Beaucoup d’entreprises réalisent qu’elles possèdent une multitude d’informations et qu’elles n’en font rien. Certaines commencent à investir pour tirer parti de ces données, d’autres pas. Dans le secteur de l’assurance, par exemple, deux sociétés vont se comporter différemment : l’une va avoir un budget de transformation IT et une gouvernance de la donnée qui vont lui permettre de saisir l’innovation, tandis que l’autre va rater le tournant technologique pour des questions de réduction de coûts. Nous sommes dans une période similaire à celle qu’a connue la grande distribution en 2003. Dix ans plus tard, on constate des écarts importants entre les distributeurs qui ont investi dans l’e-commerce et ceux qui ont disparu.

Dans notre fonds EdR Fund Global Data, nous sélectionnons des sociétés qui réalisent les investissements nécessaires dans le domaine de la donnée. Notre démarche se rapproche de celle de l’ISR, mais avec un filtre technologique. Nous investissons à la fois dans les fournisseurs de big data, mais aussi dans les utilisateurs présents dans les secteurs traditionnels.

Les fonds thématiques relèvent-ils uniquement de la gestion active ?

Marie-Sophie Pastant : Les deux approches – active et passive –, sont possibles. Chez THEAM, nous gérons un ETF «low carbon» depuis 2008. Il a été le premier ETF (exchange traded funds) sur la thématique «bas carbone». Avec le contexte actuel, et la signature du Montréal Carbon Pledge en mai 2015 par BNPP IP, la thématique semble assez évidente, mais elle l’était moins il y a sept ans ! Pour qu’un gérant choisisse d’adopter un indice, il faut étudier très attentivement la méthodologie de cet indice et les filtres mis en place pour sélectionner les actions qui composent le portefeuille. Nous avons choisi d’avoir une approche «cross sectorielle» et de ne pas exclure de secteurs. L’univers de référence inclut les 300 plus importantes capitalisations boursières européennes. En excluant les secteurs automobile ou «oil and gas», l’empreinte carbone du portefeuille baisserait considérablement. Mais nous pensons qu’il est essentiel de conserver et de soutenir les entreprises des secteurs qui sont à la pointe de la réduction de leurs émissions de carbone. Nous avons besoin de ces entreprises pour résoudre le challenge énergétique. Pour chaque secteur, nous utilisons les données relatives à l’empreinte carbone et, pour l’automobile et les sociétés énergétiques, nous regardons aussi les émissions de carbone des produits finis (par exemple, les émissions de CO2 des voitures dans le secteur automobile sont prises en compte).

Vafa Ahmadi : Au-delà de l’intérêt de savoir comment sont conçus ces fonds thématiques, il est important de s’interroger sur la raison pour laquelle ils sont conçus. Cette question est fondamentale pour comprendre le succès de ces fonds. Depuis plusieurs années, nous constatons que le marché de la gestion, en Europe, se polarise de plus en plus. D’un côté, les ETF qui donnent une indexation sur un bêta et, à l’opposé, les gérants qui cherchent à identifier des thématiques de long terme. Ce qui n’est pas simple car la pression concurrentielle est forte : il faut être dans les deux premiers avec de la performance. Dès lors que la thématique est identifiée, il faut s’interroger sur la façon de mettre une enveloppe financière dessus. Nous apportons ce qu’il manque aux ETF, l’alpha, car nous sommes persuadés que la thématique est porteuse de croissance et de performance. Pour le vérifier, il suffit de comparer la thématique à un indice plus large.

Marie-Sophie Pastant : L’alpha des fonds actions thématiques gérés de façon active se compare généralement à un indice de référence. Il en va de même pour l’ETF Low Carbon que nous pouvons comparer à un indice proche comme le MSCI Europe ou le Stoxx Europe 600. Sur cinq ans, d’octobre 2010 à octobre 2015, l’indice Low Carbon 100 comparé au Stoxx Europe 600 a dégagé une surperformance de plus de 12 %. L’indice est calculé par Euronext et la méthodologie de l’indice est pilotée par un comité scientifique indépendant composé d’ONG, d’universitaires et d’experts. Le comité, actuellement présidé par Pascal Canfin, a également pour mission d’adapter la méthodologie en fonction des évolutions des indicateurs, de la recherche et des données sur cette thématique.

Comment les clients doivent-ils appréhender les fonds thématiques ?

Adeline Salat-Baroux : Les gérants de fonds thématiques entendent s’extraire des diktats du marché en proposant des produits caractérisés par des convictions de long terme. L’objectif consiste à offrir un support d’investissement pour lequel les tendances structurelles permettent d’anticiper une croissance pérenne et soutenable. La gestion thématique est perçue comme satellite aujourd’hui, mais nous avons la conviction que ces fonds sont plutôt cœur de portefeuille car, portés par des tendances de long terme, ils permettent de traverser des marchés volatils.

Jacques-Aurélien Marcireau : Il est important de distinguer les fonds thématiques des fonds de concept qui jouent une thématique avant qu’elle ne soit réellement attractive. Il est risqué de vouloir se positionner trop tôt sur une thématique. Prenons l’exemple des sociétés liées au séquençage génomique : certaines sont déjà valorisées des centaines de millions d’euros en Bourse. La tentation de lancer un fonds sur cette thématique est grande alors que les résultats concrets n’apparaîtront pas avant quelques années. Le potentiel des acteurs du séquençage génomique pour la recherche médicale et la médecine personnalisée est important. En revanche, la manipulation génétique ou le transhumanisme me semblent relever plus de la science-fiction.

Vafa Ahmadi : Le couple risque/rendement d’un fonds thématique diffère de celui d’un fonds blend, car la plupart des gérants de fonds thématiques font des exclusions assez importantes par rapport à un indice de référence. Dans la gestion de notre fonds CPR Silver Age, nous faisons l’impasse sur des secteurs entiers (pétrole, chimie, mines, etc.). Il faut comprendre le risque d’une thématique comme étant plus important que celui d’un indice large et se positionner sur du plus long terme.

Ces fonds sont donc plus risqués ?

Vafa Ahmadi: Si vous considérez qu’il est risqué de s’éloigner d’un indice, la réponse est clairement oui.

Adeline Salat-Baroux : Aujourd’hui, les investisseurs se réfèrent à une multitude d’indices dont le spectre de performance est très large. Revenons aux fondamentaux et sélectionnons des valeurs qui offrent de la performance sur le long terme ! Ces valeurs sont choisies sur la base de critères attractifs sur le plan de l’investissement financier et non pas parce qu’elles ont sous ou surperformé un indice à un instant T, dans un environnement dans lequel il est si difficile d’avoir une vision globale. Dans les périodes où se succèdent euphorie et déception, il s’avère compliqué de savoir quelles sont les valeurs qui vont rebondir ou corriger. Sélectionner des valeurs sur le long terme, au-delà des cycles et en ayant une approche globale, permet de s’extraire du contexte.

Marie-Sophie Pastant : Dans le cas d’un fonds actif, le client va s’intéresser aux critères de sélection des titres et, dans le cas d’un fonds indiciel, il va s’assurer que la méthodologie de l’indice est simple, transparente, et répond à ses attentes. Pour THEAM, il était important de proposer aux clients un fonds actions européennes avec une bonne diversification, comme le Low Carbon 100 Europe THEAM Ucits ETF, très corrélé à des grands indices européens (99 % de corrélation avec l’indice Stoxx Europe 600 et une volatilité comparable) selectionnant les titres de chaque secteur les plus performants en matière d’émissions de carbone.

Adeline Salat-Baroux : Le client doit avoir une démarche de conviction sur le long terme, très différente de l’investisseur qui souhaite privilégier une approche tactique à court terme, s’exposer à des aberrations de marché ou suivre des tendances.

L’attractivité de la thématique ne risque-t-elle pas de faire oublier aux clients la classe d’actifs dans laquelle ils investissent ?

Vafa Ahmadi : Durant cinq ans, le fonds CPR Silver Age a surperformé les indices avec des marges importantes. En 2014, la rotation sectorielle a été terrible sur les marchés européens, si bien que fonds a sous-performé les indices pendant trois mois. J’ai adressé un e-mail à nos clients pour leur rappeler que CPR Silver Age était un fonds actions qui n’avait pas vocation à dégager une surperformance de 10 % systématiquement. Il faut en permanence informer les clients et leur rappeler les risques. Lorsque le client a investi dans un fonds thématique qui a démontré des performances robustes sur plusieurs années, il oublie le risque à la baisse. Toute la difficulté pour l’équipe de gestion est d’avoir des univers fidèles à la thématique, mais qui soient suffisamment larges pour donner de la latitude aux gérants pour arbitrer entre différents secteurs et épouser les phases de marché. Nous pratiquons une gestion résolument active et dynamique pour adapter au mieux notre portefeuille en fonction des phases de marché. Nous faisons en sorte de donner un profil offensif ou défensif, cyclique ou non, croissance ou value… selon l’environnement.

Adeline Salat-Baroux : L’objectif consiste à avoir des valeurs défensives, de rendement et des valeurs de croissance afin de construire un univers suffisamment large pour dégager une croissance de long terme. Un thème trop réducteur peut être risqué et volatil. Ce n’est pas ce que nous souhaitons offrir à nos clients.

Jacques-Aurélien Marcireau : Une thématique comme la cybersécurité s’avère tellement porteuse structurellement qu’elle peut conduire les investisseurs à penser qu’elle ne peut pas décevoir. Ils ont donc envie d’y souscrire. Cependant, il existe deux réalités à prendre en compte : les valorisations des sociétés et le secteur en lui-même. Il y a eu tellement d’introductions en Bourse dans le segment de la cybersécurité qu’il y aura forcément des disparitions. De plus, la cybersécurité ressemble plus à l’industrie du cinéma qu’à la vente de services récurrents. On peut investir dans une société qui a trouvé une faille dans un système de sécurité, mais rien ne dit qu’elle trouvera la prochaine. Le secteur est donc risqué et volatil, mais la thématique est tellement forte que les investisseurs en oublient les dangers.

Adeline Salat-Baroux : Le secteur de la biotechnologie a connu un parcours similaire avec un fort engouement au début des années 2000, alors qu’il n’y avait pas de réalité économique. Certaines sociétés ont été valorisées des milliards alors qu’elles avaient encore plusieurs années de développement clinique devant elles avant de générer des revenus. Le secteur a fortement corrigé puis est revenu à la mode, mais il revêt aujourd’hui une réalité économique : plus de 100 milliards de dollars de revenus sur les produits biologiques et de la profitabilité. Certaines grandes biotechs se rapprochent de grands laboratoires pharmaceutiques avec des marges opérationnelles parfois plus élevées et un cash-flow important qui permet d’investir dans la recherche ou de faire des acquisitions. Une bonne partie de ces sociétés a changé de statut boursier, mais il continue à y avoir des introductions en Bourse de petites valeurs encore en recherche clinique mais chèrement valorisées. Le gérant doit donc bien sélectionner les valeurs dans lesquelles il investit, sur la base des fondamentaux. Sur la biotech, nous constatons que, au sein même d’un secteur, il y a encore plusieurs statuts et sous segments avec des profils de risque.

Au sein d’une thématique, la sélection de valeurs et la valorisation sont primordiales.

Vafa Ahmadi : La thématique définit le cadre, mais ensuite la sélection de valeurs relève d’une gestion fondamentale.

Marie-Sophie Pastant : En ce qui nous concerne, les fournisseurs d’indices peuvent également intégrer dans leur méthodologie des facteurs fondamentaux. C’est un peu différent sur la thématique «bas carbone», car il s’agit d’identifier les sociétés qui émettent le moins et de les mettre en avant dans un portefeuille. La composition du portefeuille est revue au moment des rebalancements de l’indice (annuellement pour l’indice Low Carbon 100 Europe), et non au fil de l’eau. La thématique «bas carbone» peut être considérée comme une «option gratuite», car le risque carbone n’est pas encore inclus dans le prix des actions. Investir dans notre ETF, c’est s’exposer aux grandes entreprises européennes, tout en privilégiant celles jouant un rôle important dans la transition énergétique.

Un gérant de fonds thématiques n’a-t-il pas la tentation de vouloir inclure des belles valeurs dans son thème, même si elles ne répondent pas à tous les critères ?

Vafa Ahmadi : La tentation est grande, bien sûr, mais il faut être sérieux. Chaque valeur sélectionnée doit être opposable avec des statistiques et des données. Il faut pouvoir expliquer facilement à un client pourquoi telle ou telle valeur est dans le portefeuille. Dans notre gestion, nous avons défini un seuil minimum d’exposition à la thématique et nous veillons à ce que les titres sélectionnés ne soient pas en dehors de la frontière définie. Nous gardons une définition certes restrictive, mais la plus pure possible de la thématique.

Il existe par exemple plusieurs fonds sur la thématique «luxe». Pour un investisseur, est-il compliqué de les comparer ?

Adeline Salat Baroux : Tout dépend de la dénomination du fonds. S’il s’agit d’un fonds «luxe», il ne peut pas investir dans des valeurs premium. Dans notre cas, nous avons appelé notre fonds Premiumsphere, car nous sélectionnons des marques qui s’adressent à une population ayant des revenus importants.

Dans le cas des spiritueux, une société comme Pernod Ricard possède des marques premium et a la capacité de générer une rentabilité élevée. Une société premium est une société avec un certain pricing power qui s’adresse à une clientèle avec un pouvoir d’achat élevé. Il faut rester dans l’univers défini selon les critères de marque, de clientèle ou de pricing power et ne pas en dévier sous prétexte que l’on trouve certaines valeurs intéressantes.

Vafa Ahmadi : Chez CPR AM, nous avons également un fonds Luxury&Lifestyle et nous mettons le lifestyle en avant car cela va au-delà de l’objet. On peut trouver dans ce fonds des sociétés comme Nike ou Adidas, car elles définissent un mode de consommation et caractérisent des communautés comme les Millennials. L’important est de rester fidèle à la définition du fonds.

Marie-Sophie Pastant: Il est important de s’interroger également sur l’attrait d’un client pour une thématique. La thématique «bas carbone» est née de la volonté chez BNP Paribas de mettre en avant les sociétés qui gèrent le mieux la problématique des émissions de carbone. Cette volonté coïncide désormais avec celle des grands investisseurs institutionnels qui souhaitent intégrer dans leur portefeuille une gestion du risque carbone. Avec l’adoption de la dernière loi sur la transition énergétique, ils sont désormais obligés d’afficher l’empreinte carbone de leurs portefeuilles et de justifier leurs investissements. Un fonds comme Low Carbon (60 % de décarbonation par rapport au Stoxx 600) leur permet d’atteindre les objectifs demandés. La pression n’est plus seulement sur les entreprises, mais aussi sur les investisseurs.

Dans le fonds EdR Fund Global Data, quels sont les secteurs qui sont représentés ?

Jacques-Aurélien Marcireau : Il y a deux catégories d’acteurs : un cœur de valeurs technologiques qui représentera toujours 50 % du portefeuille (fournisseurs d’infrastructures et d’analyses au service du big data) et jusqu’à 50 % de «data users», c’est-à-dire des sociétés ayant incorporé leur utilisation du big data dans leurs pratiques en vue d’en tirer un avantage concurrentiel avec un impact concret sur leurs résultats futurs. Il faut que le big data ait un impact sur un secteur pour qu’il soit sélectionné dans le portefeuille.

Adeline Salat-Baroux: Pour bien appréhender une thématique, nous faisons appel à des experts des différentes industries pour bien en comprendre le fonctionnement et les enjeux économiques. Cela permet de sortir du monde financier et d’identifier des sociétés porteuses.

Marie-Sophie Pastant: Pour des indices thématiques, il y a une recherche importante faite en amont pour décider si une valeur doit être intégrée ou pas dans une thématique. Il n’y a peut-être pas la flexibilité de faire entrer en opportunités tout au long de l’année des actions identifiées comme intéressées pour la thématique, mais le portefeuille est revu annuellement.

Quelle place occupe un fonds thématique dans un portefeuille ?

Marie-Sophie Pastant : Tout dépend du profil du fonds thématique. S’il s’agit d’une thématique décorrélée du marché ou plus volatile, l’investisseur va l’utiliser en brique satellitaire de son portefeuille. En revanche, si la thématique est proche du marché en termes de profil de risque, il va plutôt l’utiliser en cœur de portefeuille.

Vafa Ahmedi : L’utilisation de ces fonds dépend du degré d’acceptation du risque du client. S’il accepte une tracking error de quatre ou cinq, le fonds peut être cœur de portefeuille. Si le client est tenu de répliquer un indice, c’est un fonds satellite. Le sujet revient assez souvent…

Adeline Salat-Baroux : Dans la distribution ou la gestion privée, les fonds thématiques sont plutôt cœur de portefeuille, car ils sont proposés dans une perspective de long terme. Les clients se sentent plus à l’aise avec des fonds dont on leur a bien expliqué la thématique et les moteurs de performance, alors qu’il est plus difficile d’appréhender des fonds exposés aux marchés, surtout quand il est difficile d’en comprendre les évolutions. Les clients acceptent plus de volatilité à court terme car ils sont plus confiants quant aux perspectives de long terme. Les fonds thématiques sont alors des fonds cœur de portefeuille et l’exposition aux actions va être renforcée par des fonds plus diversifiés.

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