Portées par une réglementation proactive, les offres de fonds sur le non coté se multiplient, la collecte progresse. Les actifs privés disposent aussi d’atouts dans un environnement très volatil et peu lisible.
Si les actifs privés profitent de la normalisation monétaire, la sélectivité reste de mise sur une classe d’actifs où les différentes stratégies et les fonds affichent de fortes dispersions performances/risque. Sur le private equity, la normalisation des valorisations crée des points d’entrée plus attractifs, notamment sur le mid-market. L’attention se focalise surtout sur le secondaire, qui permet d’accéder à des portefeuilles très diversifiés avec une meilleure visibilité sur les actifs sous-jacents. Soutenu par des besoins accrus de liquidité, ce segment s’affiche en forte croissance. La dette privée bénéficie de rendements élevés dans un contexte de resserrement bancaire. Elle exige néanmoins une grande sélectivité face au risque de défaut. Les infrastructures restent résilientes, portées par la transition énergétique, les mobilités durables et les data centers. Moins sensibles aux cycles, ces actifs offrent stabilité et protection partielle contre l’inflation.
C’est donc dans un contexte relativement favorable que la démocratisation des actifs privés se poursuit. En permettant de financer les innombrables entreprises non cotées en France et en Europe, ils apportent une réponse à l’enjeu majeur de souveraineté industrielle, énergétique, mais aussi de sécurité sur le Vieux Continent. Les actifs privés ne manquent pas non plus d’atouts pour améliorer le profil rendement/risque d’une allocation d’actifs. Ils sont source de diversification, de rendements attractifs et de faible corrélation aux actifs cotés. Ils permettent aussi d’accéder à des opportunités de croissance moins exposées à la volatilité des marchés. Dans un environnement géopolitique et économique extrêmement volatil et peu lisible, les clients privés recherchent des alternatives aux actifs traditionnels. Ils pourraient donc se tourner davantage vers le non coté, encore peu présent dans leurs portefeuilles. Mais la contrepartie est l’illiquidité intrinsèque des actifs privés. La nécessité d’investir sur le long terme est encore mal appréhendée par les clients privés et requiert toujours beaucoup de pédagogie ; elle impose aussi de fortes contraintes dans la structuration des produits pour le retail. Les lancements de fonds pour les clients privés se poursuivent, s’accélèrent même. Les sociétés de gestion élargissent leur gamme sur le secondaire, la dette privée et les infrastructures, sous forme de feeders, de fonds de fonds, d’unités de compte. Avec une tendance qui s’affirme : l’essor des fonds evergreen, notamment agréés ELTIF 2.0, considérés comme le nouveau Graal. Mais cette démocratisation est surtout le fait d’une réglementation toujours très proactive en France. La loi Industrie verte marque une étape supplémentaire. Dans le cadre de l’assurance vie et du PER, des grilles d’allocations sur le non coté sont désormais obligatoires en gestion pilotée pour les horizons et profils de risque compatibles. Sociétés de gestion, assureurs, distributeurs sont plus que jamais mobilisés. Et pour cause : selon France Invest, la collecte des fonds pour les clients privés a progressé en 2024 de 29 % sur un an, portée à 76 % par l’assurance vie.