A l’aube d’une normalisation des taux, de nombreux investisseurs, très exposés aux valeurs de croissance, souhaitent se repositionner sur la thématique « value » pour diversifier leurs portefeuilles. Un rééquilibrage dont se félicite Anthony Bailly, gérant actions chez Rothschild & Co Asset Management Europe.
Les investisseurs sont en train de redécouvrir les vertus de la gestion value…
Aujourd’hui, le soutien principal pour cette approche de gestion vient du changement de paradigme sur les marchés financiers, avec la fin du cycle de baisse des taux d’intérêt.
Nous sommes convaincus que le niveau des taux (nominaux dans un premier temps, puis réels) va tendanciellement augmenter. De fait, l’inflation n’est pas seulement conjoncturelle – en raison du rebond économique en sortie de crise sanitaire – mais elle revêt également une dimension structurelle. Deux tendances de fond devraient durablement tirer les prix à la hausse : la transition énergétique et écologique (TEE) et la volonté de l’Europe de retrouver une certaine indépendance dans ses approvisionnements et dans sa production, une nécessité déjà mise en lumière par la crise de Covid-19 et renforcée par le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Ce mouvement de relocalisation devrait entraîner une hausse des salaires.
La corrélation entre l’évolution des taux et le comportement des titres value est très forte, et ce dans les deux sens. Si la baisse continue des taux pendant dix ans les a fortement pénalisés, la hausse qui se profile devrait à l’inverse constituer un moteur de performance puissant.
Avec la fin du cycle de baisse des taux, les investisseurs – qui sont majoritairement investis sur des valeurs de croissance, à travers des fonds purs ou thématiques – se concentrent de nouveau sur les fondamentaux des entreprises et ils prennent conscience des anomalies de valorisation.
Où identifiez-vous des opportunités d’investissement ?
La gestion value consiste à investir dans des entreprises dont le prix de l’action est inférieur à sa valeur intrinsèque, parce que le marché surpondère les menaces à court terme et sous-évalue leur capacité à retrouver des marges normatives. Il s’agit donc de rechercher les sociétés dont les valorisations boursières sont attrayantes par rapport à leurs multiples historiques, par rapport à leurs comparables ou par rapport au marché dans son ensemble et qui bénéficient de leviers de retournement extérieurs (changement dans le paysage concurrentiel, évolution réglementaire) ou qui leur sont propres (inflexion de la stratégie, restructuration).
Il n’y a pas d’entreprises ou de secteurs value par nature, car les situations évoluent au fil du temps.
De notre point de vue, plusieurs secteurs méritent actuellement une revalorisation boursière.
C’est le cas de l’automobile. Les investisseurs ont craint que les constructeurs historiques perdent des parts de marché au profit d’acteurs alternatifs spécialisés dans la voiture électrique, comme Tesla, et que leurs marges subissent de fortes pressions. Or, on constate aujourd’hui qu’ils ont bien géré ce risque, en réalisant d’importants investissements pour développer leurs propres gammes de véhicules électriques.
Dans un autre registre, la TEE met les sociétés pétrolières sous pression. Certes, la transition énergétique est indispensable et ces entreprises doivent faire évoluer leur modèle économique. Toutefois, il faut se rendre à une évidence : à court terme, il est impossible de répondre à la demande d’énergie sans s’appuyer sur les énergies fossiles. Par ailleurs, le prix élevé du baril de pétrole ne se reflète pas dans les valorisations boursières de ces sociétés, alors qu’il leur permet de dégager des cash-flows conséquents.
Dernier exemple : les banques. La baisse des taux d’intérêt et les contraintes réglementaires ont pesé sur le secteur au cours des dernières années. Les établissements bancaires ont su adapter leurs bases de coûts, qui sont aujourd’hui plus faibles. Ceci offre un levier opérationnel important dans un contexte de remontée des taux d’intérêt.
Quelle est l’approche de Rothschild & Co Asset Management Europe dans le domaine de la gestion value ?
La maison est un acteur reconnu en la matière, les encours gérés selon cette approche atteignant 1,5 milliard d’euros1.
R-co Conviction Equity Value Euro, notre fonds phare qui a été lancé en 2005, suit une approche qui lui permet de naviguer à travers tout le cycle économique. De fait, le portefeuille s’articule autour de quatre piliers, dont le poids évolue en fonction de la phase du cycle : les valeurs fortement exposées à la croissance mondiale, les valeurs cycliques au bilan solide, les secteurs value impactés par des enjeux structurels et les valeurs défensives dont la valorisation est compatible avec un biais value (2). Cela en fait un produit de fond de portefeuille.
1. Source : Rothschild & Co Asset Management Europe, mars 2022.
2. Source : Rothschild & Co Asset Management Europe, mars 2022. Ces informations ne constituent pas un conseil en placement ou une recommandation d’investissement.